Que l’on soit salarié, indépendant ou chef d’entreprise, savoir chercher de l’aide et savoir où la trouver n’est pas un aveu de faiblesse mais une vraie compétence. A la question « La main amie qui vous aide ? », Maud Bailly, énarque et DG de Sofitel MGallery et Emblem répond dans Madame Figaro : « À chaque prise de poste, je prends un coach. » Cela veut-il dire qu’elle n’a pas les compétences requises ? Non. Juste qu’elle a besoin des autres pour mieux embrasser son rôle.
Booster, le groupe qui donne le push
Mais « c’est très difficile de se rendre compte qu’on a besoin d’aide car cela nécessite de se poser, ce que l’on ne prend pas le temps de faire quand on vient de créer son entreprise » remarque la toulousaine Hélène Mariette, fondatrice de Vivinnov, une société qui accompagne les entreprises innovantes dans leur développement.
Pourtant, elles sont nombreuses à l’avoir expérimenté : pour franchir une marche parfois trop haute, on a besoin des autres pour nous faire la courte échelle. C’est pourquoi les dix entrepreneuses de la première promotion du programme Booster de Force Femmes ont candidaté.
« J’avais envie d’accélérer mais je n’y arrivais pas toute seule » confie Amandine Chaigne, l’une de ces dix entrepreneuses, qui après vingt ans en banque privée, a créé ADE-ci, une société de gestion de patrimoine. « J’avançais mais je cherchais l’effet push » précise-t-elle.
Même chose pour Nacima Lamalchi, une avocate qui a lancé MyDataPartner, une solution simple de gestion des données personnelles à l’attention des CSE, RH et associations. « Je ne trouvais pas de réponse à certaines de mes questions. J’avais l’impression de tourner en rond et j’ai commencé à ressentir de l’isolement. J’ai repéré le programme Booster car je suivais Force Femmes sur les réseaux sociaux et c’est là que j’ai eu le déclic ».
Claire Maury, coordinatrice de l’édition 2023 de ce programme dédié aux entrepreneuses qui ont créé leur activité depuis moins de trois ans, nous l’explique : « À ce stade de développement, il est important d’échanger avec d’autres femmes qui vivent la même chose que soi. Booster, ce n’est pas un accompagnement individuel, c’est 100% collectif ». C’est d’ailleurs l’un des critères de sélection des « Boosties » : avoir envie de travailler en groupe. « Je ne sais pas comment ils ont fait pour que la mayonnaise prenne aussi vite. A la fin de la première journée, le groupe fonctionnait. Ils savaient que ça allait marcher » s’étonne Amandine Chaigne. On y trouve de l’entraide, de l’émulation et des témoignages éclairants : ceux des entrepreneuses plus séniors du programme Bloom (leurs entreprises ont au moins 3 ans d’ancienneté), mais aussi pour l’édition 2022 les conseils de Dominique Senequier, la fondatrice et présidente du fonds d’investissement Ardian, partenaire de Booster.
« J’ai compris la différence entre travailler DANS son entreprise et travailler SUR son entreprise ! »
Être une femme, avoir plus de 45 ans et réaliser plus de 50.000 euros de chiffre d’affaires, tels sont les autres critères pour candidater. A ce stade, en général, les entrepreneuses ont fait décoller l’avion (dépôt des statuts, positionnement, premiers clients) mais naviguent à vue pour la suite. A force de faire tout toutes seules, elles s’épuisent, sans pouvoir lever la tête du guidon pour mieux affronter les turbulences. Beaucoup aussi n’ont pas encore digéré leur nouveau statut de dirigeante. À ce sujet, le rapport de BPI France sur les dirigeantes de PME-ETI cite une étude de KPMG de 2015, « Portrait des femmes dirigeantes en France », qui est éloquente : « 20% des dirigeantes n’ont pas confiance en leur capacité à diriger, contre 13% des dirigeants ».
En quelques mots, la « Boostie » Nacima Lamalchi résume tout l’intérêt du programme : « J’ai compris la différence entre travailler dans son entreprise et travailler sur son entreprise ! »
Savoir parler gros sous
C’est donc bien la première fois qu’elles « coupent » et prennent du temps pour réfléchir à leur entreprise. Gratuit, le programme se déroule en présentiel à Paris durant 4 sessions de 2 jours réparties sur trois mois, de septembre à décembre. Au menu, entre autres : renforcer sa stratégie commerciale en s’appuyant sur des indicateurs de performance et des outils de gestion, revoir son positionnement et ses priorités, apprendre à pitcher pour convaincre clients et investisseurs, développer son leadership mais aussi… savoir parler argent.
Car l’argent ne fait pas partie des principales motivations que les entrepreneuses françaises citent comme étant à l’origine de leur création d’entreprise. Dans le baromètre international Bold by Veuve Cliquot en 2023 sur l’entrepreneuriat féminin, à la question « qu’est-ce qui vous pousse à devenir entrepreneuse ? », 48% des sondées en France répondent « pour être son propre patron », 32% « pour donner du sens en développant ses propres valeurs et croyances », et 9% « pour vivre une expérience merveilleuse ». Dans les autres pays de l’étude, le Canada, l’Allemagne et l’Afrique du Sud, les deux premières réponses sont identiques mais la troisième est beaucoup moins romantique : les entrepreneuses déclarent qu’elles font aussi ça « pour gagner de l’argent ».
À croire qu’on aurait du mal à parler gros sous en France… C’est pour cette raison que Sibylle Le Maire, la fondatrice de ViveS Média, est intervenue durant le programme Booster afin d’expliquer comment, à chaque étape de la vie d’une femme, toute décision doit être pensée et pesée en termes d’argent avant d’être prise. Négociation salariale, contrat de mariage, arrivée des enfants, choix d’un temps partiel, préparation de la retraite… « J’aurais aimé savoir ça plus tôt ! » se sont exclamées plusieurs participantes.
Libérer sa relation à l’argent
Il faut donc aussi adopter un autre comportement face à l’argent, plus assertif. Car pour financer leur entreprise, on sait que les femmes empruntent peu et osent moins s’endetter que les hommes.
Leur relation empêchée à l’argent se retrouve jusque dans la rémunération qu’elles s’accordent. Dans une newsletter ViveS intitulée ironiquement « Une femme n’a pas à parler d’argent ? », Valérie Lion soulignait que près de « 70% des entrepreneuses gagnent moins de 1500 euros par mois ». Dans son étude, la BPI remarque que « les dirigeantes de PME-ETI s’accordent des rémunérations plus basses que leurs homologues masculins, quelle que soit la taille ou le secteur de l’entreprise. Par ailleurs, les écarts de salaires persistent, qu’importe le niveau de détention du capital, même lorsqu’elles détiennent 100% du capital et ont la pleine maîtrise de leur politique de rémunération. »
Pour changer cette relation à l’argent, et parce que les entrepreneuses de la première promotion Booster ont insisté sur le fait que lever des fonds est toujours aussi difficile pour les petites entreprises créées par des femmes, le fonds Booster by Ardian a été lancé. Doté d’1 million d’euros, il permettra de mobiliser 300.000 euros par an pour les trois prochaines promotions Booster et de renforcer les fonds propres des entreprises éligibles par un investissement en capital.
Préparez-vous au décollage !
« J’ai reçu beaucoup de soutien technique grâce aux ateliers de qualité mais j’ai aussi remis en cause mon business model et mes cibles. Et puis j’ai gagné en confiance ! Et acquis un soupçon d’audace supplémentaire et une exécution plus efficace grâce à la redéfinition de mes priorités » conclut Nacima Lamalchi. « Je n’aurais pas cru que ce programme allait tant faire évoluer mon entreprise, s’étonne Hélène Mariette. J’ai pris du recul et repensé ma stratégie pour établir une feuille de route à cinq ans. Et les résultats ne se sont pas fait attendre. Nous sommes maintenant huit et nous avons bien segmenté notre activité. Nous passons à l’action ! »
Les dix « Boostées » sont toujours en contact via un groupe Whatsapp dédié. Elles poursuivent activement leur collaboration grâce à la technique du co-développement apprise durant le programme et qui leur permet de continuer à résoudre leurs problèmes collectivement lorsqu’elles calent sur un sujet. Si comme elles, vous voulez passer à la vitesse supérieure, vous avez jusqu’au 3 juillet pour candidater et tracer votre route à vive allure et en bonne compagnie.
Illustration : un grand merci à Wood et l’agence Virginie