Logo ViveS foncé
  • Nos newsletters
  • Osons l'oseille
  • Rencontres
  • ViveS Académie
  • Collectif
  • Connexion
Rechercher...
Accueil > Newsletters > Parlons Argent > Une femme n’a pas à parler d’argent ?
femme grimpe montagne

Marie Lemaistre

Valérie Lion

Valérie Lion

Parlons Argent

Une femme n'a pas à parler d'argent ?

16 mars 2022

Marie Eloy a l’indignation positive, et créative. Celles d’entre vous qui ont eu la chance de l’entendre au Forum ViveS la semaine dernière ont forcément été impressionnées par son parcours, son énergie, et son authenticité. Cette ancienne journaliste devenue il y a dix ans entrepreneure parle cash : elle ne tait ni les peurs, ni les difficultés causées par son nouveau métier.

Partager la newsletter

LinkedIn icon Twitter icon WhatsApp icon
Partager par email

En 2011, après avoir bourlingué dans le monde entier, cette spécialiste de l’éducation veut scolariser sa fille aînée dans une école Montessori. Le hic, c’est que dans le petit village breton où elle a posé ses valises, cela n’existe pas, et à plusieurs kilomètres à la ronde non plus. Alors, elle va créer cette école, avec une autre maman aussi déterminée qu’elle. Pendant plusieurs années elle en assure la présidence, bénévolement. Et puis un jour, elle se retrouve maman solo, avec deux enfants, avec pour seul revenu le RSA. Cette fois-ci, c’est son job qu’il lui faut créer, car il lui faut bien un revenu.

“ Les femmes entreprennent rarement : par manque de confiance, d’exemple, de réseau, mais surtout par manque d’argent ”

Mais elle veut faire un job utile. Avec l’école Montessori, elle a expérimenté la puissance de l’entraide locale qui a permis la réalisation du projet. Elle regarde autour d’elle et se rend compte avec stupéfaction que les femmes entreprennent rarement : par manque de confiance, d’exemple, de réseau, mais surtout par manque d’argent. Marie a alors une idée : monter un réseau social bienveillant où les porteuses de projet échangeraient là où elles vivent compétences, contacts, coups de pouce. L’association Femmes de Bretagne est lancée fin 2014, et devient fin 2019 Femmes des Territoires. Elle compte aujourd’hui plus de 6000 membres et 30 coordinations territoriales.

Marie Eloy ne s’arrête pas là car elle constate que les entrepreneures employant plus de 10 salariés ne sont que 14% et que 70% des entrepreneures gagnent moins de 1500 euros par mois (67% exactement selon une étude de la chaire FERE pour Bouge ta Boîte). Vous avez bien lu, plus de deux-tiers des entrepreneures gagnent moins que le Smic ! L’enjeu, c’est clairement la croissance et les revenus. Alors, elle se jette à l’eau et crée en 2016 son entreprise Bouge ta Boîte : un réseau business destiné aux femmes pour faire croître leur activité et développer leur chiffre d’affaires. Les adhérentes, nommées “les Bougeuses”, sont des cheffes d’entreprise de différents secteurs. Elles  se réunissent toutes les deux semaines pour échanger, se challenger, se former. Et l’objectif du réseau est de se recommander mutuellement pour décrocher des contrats. A la fin de chaque année, chacun des 120 cercles locaux doit communiquer le montant des contrats récoltés grâce aux recommandations des « Bougeuses » : « Nous obligeons les femmes à parler d’argent » explique simplement Marie Eloy.

“ Elle découvre avec stupéfaction qu’on ne s’attend pas à voir une femme négocier "

Vous l’avez compris, Marie Eloy parle doublement cash : quand elle a lancé Bouge ta Boîte, elle a dû trouver des financements, et dans les premières années de l’activité elle a fait face à des difficultés de trésorerie. Ses premiers pas sont délicats. Devant un comité décidant de la garantie d’un prêt, elle essuie des critiques d’une personne durant une heure. On lui reproche de vouloir « se payer dès la première année », d’avoir pour objectif de faire de l’argent parce qu’elle crée une entreprise et pas une association. « On m’attaquait sur mes valeurs au lieu de m’interroger sur mon business modèle, et sur la viabilité de mon entreprise, comme on l’aurait fait pour un homme », raconte-t-elle.

 

De même, elle découvre avec stupéfaction qu’on ne s’attend pas à voir une femme négocier. Un partenaire propose un certain montant, un deuxième offre plus ; elle retourne voir le premier en lui demandant s’il est prêt à s’aligner. Il ne l’est pas et elle signe avec le deuxième partenaire. Peu après, elle reçoit un mail d’insultes, où on l’accuse d’être vénale. Aurait-on fait pareil avec un homme ?

 

« Si on ne sait pas que tous ces comportements relèvent de biais culturels puissants, on lâche l’affaire et on ne crée pas son entreprise, ou on n’y met pas suffisamment de moyens financiers, déplore Marie Eloy. Dans l’inconscient collectif, une femme n’a pas à parler d’argent. »

“ Il existe des techniques efficaces et éprouvées pour parler argent ”

Il en faut du courage pour surmonter ces clichés. Ce qui a aidé Marie : la conscience qu’il s’agit justement de clichés. Et « en dehors de ces écueils, j’ai rencontré beaucoup de personnes qui m’ont aidée, qui ont cru en mon projet, qui l’ont financé », confie-t-elle. Autre atout : les projets qu’elle porte la dépassent et engagent d’autres femmes qu’elle. Surmonter l’obstacle devient une nécessité pour les autres. A 47 ans, il lui est toujours difficile de parler d’argent. Mais elle se soigne ! « Mon équipe m’aide aussi beaucoup à lever ces freins liés à l’argent, car ce n’est vraiment pas naturel. En en parlant ensemble, c’est plus facile de les identifier comme tels et de les lever. » 

 

Il existe des techniques efficaces et éprouvées pour parler argent. Cela commence par compter toutes ses heures quand on travaille, y compris le temps passé aux tâches administratives – « trop de femmes travaillent à perte » souligne-t-elle. Puis, oser fixer le juste prix quand il s’agit de vendre une prestation : « Doublez systématiquement le montant par rapport à ce que vous pensez au départ, car vous pensez toujours trop bas », c’est l’un des premiers conseils donnés dans les ateliers de Bouge ta Boîte. Autre truc : se créer une adresse mail comptable, ce qui permet de réclamer le paiement de ses factures de façon impersonnelle – « c’est toujours plus dur de demander de l’argent en son nom propre ».

“ Il faut se débarrasser de tout affect quand surviennent les questions d’argent ”

Derrière toutes ces astuces, il y a un principe : mettre de la valeur sur soi-même. Il faut se débarrasser de tout affect quand surviennent les questions d’argent, pour s’en tenir au factuel : « C’est une prestation, une compétence qui vaut tant ». « Dès le départ, quand j’ai créé Bouge ta Boîte, je voulais pouvoir prélever un salaire pour ne pas tomber dans le cercle vicieux de la femme qui crée une entreprise mais qui ne vit pas de son projet, a expliqué Marie Eloy dans une interview. Je voulais prouver qu’il est possible dès le premier jour de se rémunérer. J’ai créé pour cela le modèle économique adéquat et cherché des actionnaires en conséquence. »

 

Quand je demande à Marie Eloy quel est son « cash modèle » féminin, elle me répond sans hésiter Anne Lalou : après une carrière dans la banque d’affaires, cette dirigeante est devenue entrepreneure au tournant de la cinquantaine. Elle a créé la Web School Factory et fait partie des co-fondatrices de SISTA, elle est membre de plusieurs conseils d’administration… et depuis le début du comité stratégique de Bouge ta Boîte dans laquelle elle a récemment investi.

Mais avant de devenir investisseuse, il faut gagner son indépendance économique. C’est le combat de Marie Eloy, qui se présente volontiers comme “Madame tout le monde” : elle nous ressemble et nous montre que le chemin de la monétisation n’est ni indécent, ni incompatible avec des valeurs humaines fortes. A méditer sans tarder.

Illustration : un grand merci à Marie Lemaistre et Fllow

 

Source chiffre : étude Bouge ta Boîte et chaire FERE

Valérie Lion

Valérie Lion

Valérie Lion est rédactrice en chef de ViveS. Elle a intégré le groupe Bayard en 2020 comme rédactrice en chef à l’hebdomadaire Le Pèlerin. Elle a plus de 20 ans de métier comme journaliste économique, ayant travaillé pour L’Agefi, Enjeux les Echos, Le Nouvel Economiste avant de rejoindre L’Express en 2004 comme rédactrice en chef successivement des pages Réussir, Economie puis des hors-séries. Elle a imaginé et piloté la newsletter « Somme toutes » dédiée aux femmes dans le business, avec pour slogan : « Quand les femmes comptent, l’économie progresse ». Elle est également une passionnée du Canada, pays où elle se rend régulièrement.

Pour ViveS, Valérie forme un duo de choc avec Laetitia Vitaud, afin de questionner et décrypter la place des femmes dans le monde du travail et l’économie.

LE + VIVES

https://vivesmedia.fr/wp-content/uploads/2022/10/CategorieLire.png

À LIRE

Un livre :

  • L’argent au féminin (Ellipses) : un ouvrage collectif qui passe en revue les 10 blocages les plus répandus chez les femmes (« je ne me sens pas légitime », « ça ne m’intéresse pas », « je n’ai pas les moyens », « les autres d’abord », etc.) et donne des clés pour les dépasser.

 

Une newsletter :

  • Prends l’oseille, proposée depuis l’automne dernier par Héloïse Bolle, une ancienne journaliste économique qui a fondé le cabinet de conseil en gestion de patrimoine Oseille et Compagnie. Sur un ton décomplexé, elle aborde des sujets variés. Dernier en date : “claquer ou pas la porte de sa boîte” ou les bonnes questions financières à se poser avant d’engager un changement de vie !
https://vivesmedia.fr/wp-content/uploads/2022/10/CategorieVoir.png

À REGARDER

Des vidéos :

  • Réalisé par Axa avec le réseau Femmes Business Angel, ce programme vidéo interactif en 6 chapitres de 20 minutes veut aider les femmes à devenir actrice de leur indépendance financière.
https://vivesmedia.fr/wp-content/uploads/2022/10/CategorieConseiller.png

À REJOINDRE

Un réseau :

  • Femmes des Territoires, un réseau physique et digital pour rencontrer des femmes dans le même bassin local, partager des compétences, participer à des rencontres et des ateliers pour gagner en expertise.

A lire aussi

Maladie et travail : l'ultime tabou
Formations Parlons Travail
Maladie et travail : l'ultime tabou

À quand remonte la dernière fois où vous avez montré votre vulnérabilité au travail ? Où vous avez fait part d’une difficulté à votre manager ? Où vous avez pleuré ? Je suis prête à prendre le pari que vous avez du mal à vous en souvenir… Et pour cause ! La vulnérabilité n’est a priori (et j’insiste) pas compatible avec le monde du travail. Un univers où la performance est le maître-mot. Un univers où la moindre petite faille pourrait – pense-t-on – nous être fatale. Alors on se tait. Pas un mot sur ce qu’on traverse de difficile. Le silence est d’or, n’est-ce pas ?

Laure Marchal
Éducation financière : le prix de la liberté
Parlons Argent
Éducation financière : le prix de la liberté

En cette période d’inflation record (6% fin 2022), inédite depuis quatre décennies, l’argent est devenu l’une des principales préoccupations des Français. Et pourtant, on ne parle pas facilement d’argent en France. En famille ou dans le couple, le sujet reste tabou. Un tabou qui entrave l’indépendance économique et financière des plus fragiles, notamment les femmes.

Valérie Lion
Stéphanie Gicquel, parlez-nous d'argent !
Parlons Argent
Stéphanie Gicquel, parlez-nous d'argent !

Exploratrice de l’extrême, sportive de haut niveau, conférencière et auteure, Stéphanie Gicquel ne recule devant aucun obstacle. Cette ancienne avocate spécialisée en fusion-acquisition détient même le record du monde de la plus longue expédition en Antarctique à pied et un record de France d’athlétisme. Pour mener cette vie extraordinaire faite de projets et de défis, elle a quitté le confort d’une carrière toute tracée au sein d’un prestigieux cabinet d’avocat. Une prise de risque financière qui lui offre beaucoup de liberté.

Olivia Villamy
Facebook icon Twitter icon instagram icon LinkedIn icon
Partenaires
Ça vous a plu ? Inscrivez- vous !
Newsletter Osons l'oseille Rencontres ViveS Académie Contactez-nous Ressources
Politique de confidentialité Mentions légales CGU CGV Gestion des cookies © 2023 BAYARD - Tous droits réservés

Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves

La joie est une puissance, cultivez-la

Dalai Lama
Virginie Despentes
La joie est une puissance, cultivez-la
Dalai Lama
Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves
Virginie Despentes
La Newsletter

Je m'inscris à la newsletter ViveS

Chaque semaine une dose d'empowerment économique et financier dans votre boîte mail

Vous avez déjà un compte ?

Texte dssf dssf dssf  dssf

mot de passe oublié ?

Créez un compte

Je suis du texte

Mot de passe

Votre mot de passe doit contenir des minuscules, des majuscules, des chiffres, des caractères spéciaux et faire au moins 8 caractères

* champs obligatoire

Vives c’est avant tout une newsletter, in rhoncus senectus elementum
(Nécessaire)
« Ces informations sont destinées au groupe Bayard, éditeur du site VIVEs. Elles sont enregistrées dans notre fichier afin de vous envoyer les newsletters que vous avez demandées. Conformément à la loi « Informatique et Libertés » du 6/01/1978 modifiée et au RGPD du 27/04/2016, elles peuvent donner lieu à l'exercice du droit d'accès, de rectification, d'effacement, d'opposition, à la portabilité des données et à la limitation des traitements ainsi qu'à connaître le sort des données après la mort à l'adresse suivante : dpo@groupebayard.com​. Pour plus d'informations, nous vous renvoyons aux dispositions de notre Politique de confidentialité sur le site groupebayard.com. »
Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.