Je l’avoue, j’ai emprunté ce titre à Katherine Pancol (merci à elle!). C’est celui de son premier roman, écrit alors qu’elle avait 25 ans. Il en porte les imperfections, mais il dégage surtout la fougue de la jeunesse et un souffle qui m’avait, à l’époque, emportée. Je devais avoir 16 ans. J’avais adoré l’histoire de cette jeune femme qui cavale de l’adolescence à l’âge adulte et qui, au fil de ses premières amours, apprend à affirmer ses désirs et à choisir la voie qui lui convient – celle qu’elle veut prendre, pas celle qu’on attend d’elle.
J’ai aussi gardé de cette lecture, comme un écho lointain, ce cri du coeur: «Moi d’abord». Une revendication qui ne résiste pas toujours aux années. D’adolescentes par nature égocentriques, nous avons la fâcheuse tendance à devenir des femmes décentrées. Car concentrées sur les besoins des autres: nos conjoints, nos enfants, nos parents, nos amis, nos collègues, etc.
Savoir proclamer «moi d’abord», c’est une forme d’hygiène de vie. Cela peut paraître provocateur, voire subversif dans une société qui manque cruellement de sens collectif. Mais en ce début d’année, ce n’est pas inutile. Cela ramènera tout juste notre petit ego à la surface des priorités.
On n’est pas tous égaux devant l’ego!
Autant dire que les femmes partent avec un handicap sur ce front. Affirmer «je» n’est pas toujours facile, quand l’éducation tend à faire de nous des filles polies, respectueuses, bonnes élèves, arrangeantes, voire effacées.
Alors il faut se bousculer pour se dire qu’on n’est pas là pour plaire à tout le monde, qu’on doit tracer notre chemin en accord avec nos aspirations, nos valeurs, nos moyens. Ne pas avoir peur de dire «non» pour se préserver une soirée, un quart d’heure de solitude, un moment rien qu’à soi, hors du tumulte. On peut passer d’un rôle à l’autre, telle Laure Calamy, une actrice dont les personnages sont comme des miroirs tendus sur nos vies. Mère courage dans À plein temps, mère poule dans Mon inséparable: dans les deux cas, elle accepte de ne pas être une mère parfaite. Parce qu’elle laisse ses enfants trop tôt ou trop tard à la voisine, parce qu’à un moment elle va enfin penser à elle plutôt qu’à son fils handicapé. Ce que ça change? Pas grand-chose pour les autres, beaucoup pour vous!
Ma reco? Soignez votre ego, acceptez vos aspérités, et même vos défauts. Ça gratte, ça pique? C’est votre différence, et donc ce qui vous rend unique!
Se mettre au centre, c’est d’abord se préoccuper de sa santé
Des femmes épuisées, vous en rencontrez tous les jours, vous en êtes peut-être une. Certaines ne se cachent plus. Delphine Cochet, la fondatrice de Ma bonne fée en parlait dans la newsletter ViveS de septembre. Il y a deux mois, elle publiait sur LinkedIn une photo d’elle en apparence banale, avec ce commentaire: «La personne sur cette photo est sous anxiolytique et anti-dépresseurs depuis 2 mois, et cela va durer plus d’un an. (On dirait pas, hein?)» Quatre ans après les faits, elle assume cette période de sa vie et raconte sans fard son burn-out de maman entrepreneure, pour alerter et déculpabiliser toutes les autres.
Cela ne concerne pas que les entrepreneures, comme l’a rappelé Flore Egnell, la déléguée générale de Willa, cet automne, également sur LinkedIn: «Je garde le sourire, mais honnêtement, je suis au bout du rouleau.»
71% des salariées ressentent une charge mentale professionnelle et personnelle élevée. Vous avez bien lu, 7 femmes sur 10! C’est le résultat du 1er baromètre de la charge mentale des femmes salariées, publié le 5 décembre par News RSE et réalisé par l’IFOP, en partenariat avec BPIfrance, La Maison Bleue et MGEN. Plus de la moitié des femmes interrogées déclarent que la charge mentale à la maison affecte leur carrière; et pour deux-tiers des femmes interrogées, la charge mentale pro a un impact direct sur leur vie personnelle!
Pour “manager”, il faut se ménager
Sur les réseaux, les témoignages de femmes au bord du burn-out se multiplient. Celles qu’Elise Bordet a nommées «une armée de guerrières au quotidien». Mais pour gagner, les guerrières doivent apprendre à se ménager. Une responsable politique me racontait que, à 8 de tension et sur ordre de son généraliste, elle avait décidé de prendre enfin des vacances et de couper son téléphone trois semaines durant: et miracle, le monde a continué à tourner! Une jeune cheffe d’entreprise rencontrée avant Noël m’a avoué sans détour que pour honorer ses engagements militants, elle s’appuie sur son conjoint qui gère les rendez-vous médicaux pour ses deux enfants, et vous savez quoi? Ça marche!
Ma reco? Vous investir à 120% dans vos projets et responsabilités c’est bien, investir sur vous, c’est encore mieux.
Investir sur soi, c’est aussi s’emparer de ses finances
Je sais, ce n’est pas le plus glamour mais je vous assure, reprendre progressivement le contrôle de son argent a quelque chose de jouissif. Bien sûr, il faut y consacrer un peu de temps. Donnez-vous 2 heures le prochain week-end pour faire le point sur votre épargne et vos éventuels investissements. Regardez ce que vous avez gagné ou perdu en 2024, et réfléchissez à votre stratégie financière de l’année à venir en fonction de vos objectifs personnels: avez-vous besoin d’augmenter vos revenus? de constituer un patrimoine? de financer un projet important? de faire fructifier votre épargne à court, moyen ou long terme? Vous êtes prête ensuite pour aller rencontrer votre banquier, lui partager votre feuille de route et vos questions.
Soyez exigeante sur ses réponses et sur les échéances: fixez des jalons pour ne pas laisser traîner les décisions. Si vous êtes en couple, n’hésitez pas à prendre rendez-vous aussi avec votre notaire pour faire le point sur votre situation. Et si vous êtes indépendante ou entrepreneure, posez-vous la question de votre prévoyance santé: 57% des entrepreneures n’ont mis en place aucune protection (en cas d’incapacité ou d’invalidité), selon une enquête menée par le cabinet en gestion de patrimoine Ade-ci (vous pouvez y contribuer, lien plus bas dans Le + ViveS). Soigner ses finances, c’est parfois dépenser à bon escient pour se protéger.
Ma reco? Lâchez une tâche domestique qui vous ennuie pour plonger dans vos comptes. Instaurez un créneau mensuel dans votre agenda, pour vous et votre argent.
L'agenda, justement, parlons-en!
Dur de commencer l’année sans espace pour souffler si vous avez déjà rempli vos semaines à bloc (retour à la case santé). Si vous avez la phobie du vide, dites-vous que c’est bien aussi de laisser la place à l’inattendu ou à un temps de respiration. Fuyez le trop-plein!
Si vous êtes prise d’une frénésie de rencontres, demandez-vous ce que vous en faites.
Savez-vous construire un réseau? Le cultiver? Le vrai bon réseau, ce n’est pas de l’entre-soi, c’est de l’entraide. Êtes-vous prête à tendre une main, ouvrir une porte? Savez-vous frapper au bon endroit? Accepter le coup de pouce qu’on vous propose? Le réseau, c’est aussi une ouverture, une occasion de mettre les pieds là où on n’irait pas. Laissez-vous entraîner hors de vos habitudes par des amis, collègues, etc. Le réseau, c’est dans un monde ultra monétisé, l’expérience de la gratuité. C’est la confiance comme valeur cardinale. Ça fait beaucoup de bien!
Et pour conclure, je vous partage l’une de mes phrases préférées du livre de Katherine Pancol: «Et moi alors, qu’est-ce que je fais dans cette histoire?». Voilà une question à la portée parfois redoutable mais profondément bénéfique, je vous assure! Se la poser, c’est déjà penser à soi…
Bonne année!