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femme Einstein cheveux formules de maths

Marie Lemaistre

Mélissa-Asli Petit

Mélissa-Asli Petit

Formations Parlons Travail

Les filles aussi ont la bosse des maths

19 janvier 2023

Connaissez-vous l’histoire du tuyau percé ? C’est une image pour décrire le parcours des filles dans les filières STIM (science, ingénierie, technologie et mathématiques). Au fur et à mesure du cursus scolaire, puis universitaire, il y a une disparition progressive des filles de ces filières, qui sont sélectives et compétitives. En bout de course, il ne reste plus que 4 femmes pour 10 hommes diplômées en STIM. Mais revenons au début de l’histoire pour comprendre d’où viennent ces différences entre les hommes et les femmes. Les filles seraient-elles moins fortes en maths que les garçons ?

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Pourquoi les écarts se creusent au fur et à mesure du parcours scolaire

Écartons tout de suite une première idée reçue selon laquelle les écarts en maths seraient une affaire de cerveau, de compétences cognitives, voire de vie sur des planètes différentes. Il n’y a rien d’inné dans ces écarts !

 

Alors, comment se fait-il que les écarts se creusent au fur et à mesure du parcours scolaire ? L’une des raisons est l’effet de stéréotypes sociaux de genre, qui sont intégrés de manière inconsciente dans les comportements des individus, qui peuvent donner notamment lieu à des valorisations auprès des filles de filières non scientifiques. Trop de filles sont freinées par des préjugés, des normes et attentes sociales qui influent sur la qualité de l’éducation qu’elles reçoivent et sur les matières qu’elles étudient.

Les parents, premiers “orientateurs” de leurs enfants

Nous pouvons tous être pris au piège de ces stéréotypes sociaux liés au genre, qui peuvent influencer nos comportements. En tant que parents, nous voulons la réussite de nos enfants, leur épanouissement et surtout qu’ils s’accomplissent à terme dans un métier. Or, c’est oublier à la fois les mécanismes de reproduction sociale, les histoires familiales, les manques de modèles d’identification dans certains métiers, et les « clichés » liés au genre, souvent inconscients. Pour Clémence Perronnet, docteure en sociologie, chercheuse à l’agence Phare et auteure du livre La bosse des maths n’existe pas, les parents n’ont pas tendance à disqualifier un métier plutôt qu’un autre, mais ils peuvent plutôt encourager un type de métier plus en adéquation avec l’image attendue de la place des femmes dans la société, ou craindre que leur enfant souffre dans une filière dite exigeante. Et ce qui rend le sujet complexe, c’est qu’il n’y a pas d’empêchements, mais des comportements qui ne sont que les effets des stéréotypes sociaux liés au genre.

Ce qui se joue à l’école

Mais le problème ne s’arrête pas là, l’ensemble de l’équipe éducative, dont les professeurs, sont porteurs de représentations et d’attentes différentes à l’égard des filles et des garçons. Cela se traduit dans les interactions en classe, les notations, les appréciations et les préconisations d’orientation. Les stéréotypes vont inconsciemment enclencher toute une série de comportements discriminants chez les enseignants : on évaluera tel comportement, on développera telle attente, on régulera l’interaction de manière différente avec un élève garçon ou fille, et ce inconsciemment, que l’on soit homme ou femme, tant ces représentations s’imposent à chaque individu. C’est ainsi qu’on donnera plus souvent la parole aux garçons pour répondre à une question, et que pour proposer une orientation dans une spécialité scientifique, il faudra à une fille des notes bien supérieures en mathématiques et sciences que celles exigées pour un garçon.

 

Cette influence des stéréotypes dans le monde de l’éducation est analysée par Marie Duru-Bellat, chercheuse et professeure de sociologie à Sciences-Po, qui étudie depuis des années les politiques éducatives et les inégalités sociales et de genre dans le système scolaire.

 

Elle observe également ce qui se joue aussi entre les élèves. Les relations entre pairs constituent un aspect essentiel dans le développement des adolescents et dans leur expérience scolaire. Les adolescents eux-mêmes diffusent et contrôlent des normes en matière de comportements qui seraient appropriés à leur sexe :« Loin de subir passivement les stéréotypes de sexe, les adolescents, dans cette phase de construction identitaire, s’efforcent de se positionner activement comme garçon ou comme fille. En sciences par exemple, le dégoût affiché devant une dissection ou le refus de se salir sont des comportements au travers desquels les adolescentes s’affirment comme féminines, tandis que les enseignants trouveront cela normal… »

 

Pour Clémence Perronnet, il ne faut pas non plus sous-estimer le sexisme ouvert et la discrimination de la part des camarades masculins sur les filles, qui peut parfois être cautionné par les professeurs. « Les jeunes filles que je rencontre dans mes enquêtes, elles ont toutes des histoires de camarades qui leur ont coupé la parole, qui leur ont demandé de se taire, qui les ont regardées avec surprise quand elles avaient la meilleure note en maths. » Le problème, c’est que ce sexisme ouvert est souvent minimisé, invisibilisé car on va considérer que c’est de la plaisanterie ou un manque de maturité de la part des garçons.

« J’ai l’impression que je suis nulle »

Or, l’ensemble de ces éléments évoqués (comportements et stéréotypes conscients ou non) ont des conséquences alarmantes sur les filles et créent de fait une disqualification de la part de certaines filles au regard de leur capacité en mathématiques et plus largement dans les matières scientifiques.
Alors, quand les filles disent ne pas avoir confiance en elles, il est important de considérer l’environnement dans lequel elles grandissent. Clémence Perronnet souligne l’enjeu d’être au clair face au sexisme que les filles vivent à l’école : « Quand on dit qu’on est dans un pays qui valorise l’égalité, que les filles ont le droit de tout faire, elles se retrouvent dans une situation où elles ont perdu confiance en elles-mêmes et elles ne comprennent pas pourquoi. J’ai rencontré plusieurs jeunes filles comme cela qui disent « Je doute de moi, j’ai l’impression que je suis nulle quand j’ai de bonnes notes. Et tout le monde me dit que je dois avoir confiance en moi ». Or, on dénie le sexisme qu’elles rencontrent. Et cela crée du découragement chez les jeunes filles. » 

 

En 2023, on pourrait se dire que tous ces sujets sont pris en compte et que l’Éducation Nationale tente d’agir au mieux. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas, et la réforme du lycée général en 2019 a créé une chute alarmante des effectifs scientifiques : on observe un abandon massif en première et en terminale de l’enseignement des mathématiques à la fois pour les filles et pour les garçons, touchant un tiers des élèves en première et environ la moitié en terminale par rapport aux effectifs avant la réforme. Ce recul est encore plus marqué du côté des filles : en 2021, en Terminale parmi les élèves qui font 6h de maths ou plus, seulement 35,7 % sont des filles (elles étaient 47,5 % en 2019).

 

L’individualisation des choix d’orientation et la spécialisation précoce des élèves sont deux phénomènes qui renforcent malheureusement les stéréotypes et freins, ce qui explique des écarts grandissants.

3 comportements que l’on peut tous adopter et transmettre

  • Prendre conscience de nos stéréotypes sociaux de genre pour mieux contrôler nos comportements. En tant que professeurs, c’est veiller à interroger de manière équitable les filles et les garçons, être vigilant sur les commentaires écrits dans les bulletins, etc. En tant que parents, ce serait de prendre conscience de nos mécanismes pour éviter de les reproduire. Par exemple, ne pas dire que ce n’est pas grave quand une fille a une mauvaise note en maths, et valoriser véritablement tous types de filières.

 

  • Sanctionner tout comportement sexiste. Comment ? Quelques exemples concrets : on pourrait intégrer explicitement leur interdiction dans le règlement intérieur des établissements scolaires ; conduire une réflexion en équipe pluridisciplinaire sur les modalités de sanction de ces comportements, et refuser de les banaliser ; s’appuyer sur des situations de classe ou de vie scolaire pour dialoguer avec les élèves sur ces comportements, et déconstruire ensemble les stéréotypes de genre.

 

  • Valoriser les rôles modèles et la connaissance pratique des métiers STIM. En encourageant la participation des jeunes filles, dans le cadre scolaire ou à titre individuel, à une JFMI : Journée « Filles, maths et informatique » de l’association Filles et Maths. On peut aussi accueillir dans les classes des témoignages de femmes issues des métiers des mathématiques et de l’informatique pour que les filles se projettent davantage dans ces professions. Et bien sûr proposer des activités autour du numérique dès le plus jeune âge.

 

Nous avons beaucoup à gagner en faisant évoluer les comportements que l’on pourrait tous adopter et transmettre. Ces évolutions seraient bénéfiques pour les filles comme pour les garçons.

Illustration : un grand merci à Marie Lemaistre et à l’agence Fllow

Mélissa-Asli Petit

Mélissa-Asli Petit

Melissa-Asli est une jeune sociologue qui s’intéresse au vieillissement pour mener une réflexion plus globale. Elle cherche à créer des ponts entre les âges et les cultures, et à questionner la place des femmes, notamment âgées, dans la société. « La société a du mal à porter un regard objectif sur le vieillissement et particulièrement sur celui des femmes dont la principale injonction est qu’elles restent jeunes.”

LE + VIVES

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À ÉCOUTER

Un podcast :

  • La Boss des maths
    Ces 3 épisodes proposés par Texas Instruments explorent la situation des filles dans le milieu scolaire. Qu’est-ce qui les freine à l’entrée des cursus scientifiques au lycée ? Quel est le rôle des enseignants et quels rôles modèles proposer aux filles pour soutenir leur ambition scientifique ? Comment les stéréotypes agissent-ils sur leurs performances et leur auto-évaluation, dès le primaire ?
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À VOIR

Un documentaire :

  • La science a mauvais genre.
    Diffusé sur France 2 en octobre 2022 dans l’émission Infrarouge, ce documentaire dresse le portrait de quatre jeunes femmes scientifiques françaises : Solène, ingénieure en génie mécanique; Mathilde, chercheuse en biologie; Agathe, développeuse en informatique, et Zoé, étudiante à l’École polytechnique. On y découvre leur quotidien et comment elles ont dû faire leur place dans un monde d’hommes. Le documentaire présente aussi des mesures prises dans des pays voisins, qui font évoluer positivement cette situation. L’enjeu pour les femmes et les générations à venir est énorme, car la science et les technologies sont les secteurs stratégiques en terme d’emploi, de pouvoir et d’influence. « A-t-on envie de vivre dans un monde où toutes les nouvelles inventions vont être pensées par des hommes, pour des hommes ? » questionne Solène.
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À LIRE

Un livre :

  • La bosse des maths n’existe pas, de Clémence Perronnet, éditions Autrement, 2021. La sociologue et chercheuse mène une enquête complète sur les inégalités des chances devant les sciences. Elle en explore les causes et mécanismes, de la famille aux bancs de l’école, avant de proposer des moyens d’action et des bonnes pratiques.

 

Un article :

  • “Pourquoi les femmes ingénieures sont-elles toujours aussi peu nombreuses en 2023 ?”
    En France, seulement 24 % des ingénieurs sont des femmes, et cette proportion stagne depuis 10 ans. C’est le constat que dresse la nouvelle édition du baromètre de l’Observatoire des Femmes Ingénieures, étudiant aussi les écarts de salaire et les signes de progression, notamment dans les domaines d’activités investis par les femmes.
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POUR DÉCOUVRIR LES MÉTIERS DES STIM

Une journée :

  • La JFMI, journée « Filles, Maths et Informatique ». Cette initiative a été lancée par l’action commune de deux associations  (Femmes & mathématiques et Animath), afin d’encourager les jeunes filles à choisir un cursus scientifique et formuler un projet professionnel ambitieux.
    Lors de ces journées, organisées tout au long de l’année un peu partout en France, les jeunes filles suivent conférences, ateliers, rencontres avec des femmes scientifiques (recherche, industrie, enseignement). Ces journées s’adressent aux filles en fin de collège et au lycée, qui s’interrogent sur leur orientation et s’intéressent au domaine des mathématiques et de l’informatique.
    Certaines journées sont organisées en ligne.

 

Un forum :

  • Réseaux & Carrières au féminin
    C’est un grand événement annuel pour l’assocation Elles bougent. Il a lieu cette année le 2 février à Nanterre, et le 31 janvier-1er février en digital. Il s’adresse aux femmes des métiers scientifiques et techniques, qu’elles soient étudiantes, jeunes diplômées, en recherche d’emploi ou en reconversion. Au programme des entretiens RH, des offres d’emploi, des master class.
    Inscription jusqu’au 30 janvier 16h.

 

Un programme :

  • Pour les Filles et la Science
    Lancé par la Fondation L’Oréal, ce programme s’est donné pour mission de sensibiliser les collégiennes et lycéennes à leur place dans les carrières scientifiques et la recherche. C’est une nouvelle étape dans l’engagement de la Fondation L’Oréal en faveur des femmes de sciences, partout dans le monde.
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POUR PLUS DE MIXITÉ DANS LA TECH DÈS L'ENFANCE

Des ateliers pour les filles :

  • <She can code/>
    Cette association met en place des ateliers de codage pour les filles de 7 à 18 ans.

 

Un apprentissage du code :

  • Simplon Kids
    Pour cette entreprise sociale et solidaire, le numérique offre un outil d’inclusion que l’on peut rendre accessible dès l’enfance. Simplon propose notamment l’apprentissage du numérique créatif aux enfants par le biais d’ateliers.

 

Des ateliers :

  • Les Intrépides de la tech
    Parmi leurs actions, ce collectif s’adresse aux enfants, jeunes, et tout particulièrement aux filles les plus touchées par la fracture numérique. Des ateliers sont proposés pour les collèges et lycées. Un kit pédagogique est mis à disposition gratuitement pour animer un atelier d’1h d’initiation à la culture numérique.

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Olivia Villamy
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