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femmes restaurant fantôme tête-à-tête

Louise de Lavilletlesnuages

Valérie Lion

Valérie Lion

Inspirations

Les femmes seules sont pleines de ressources

10 septembre 2022

Les livres de l’été ViveS : cette semaine, le livre qui m’a enrichie en me rappelant que la solitude n’est pas une tare.

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Être seule ne m’a jamais fait vraiment peur. J’y ai souvent pris du plaisir, un plaisir presque coupable, car tout, autour de moi, me donnait le sentiment qu’une femme ne devait pas, ne pouvait pas être seule. Ce livre montre à quel point l’idée même de solitude peut être angoissante, et à quel point sa réalité peut se révéler stimulante.

1. Ce que je croyais avant

J’ai longtemps été persuadée qu’il était plus difficile d’être seule pour une femme que pour un homme. Seule dans l’instant, comme seule dans la vie. Seule à la table d’un café ou d’un restaurant, au cinéma ou au spectacle, sous les regards apitoyés (la pauvre…) ou concupiscents (la proie…). Seule dans la rue le soir (victime potentielle). Seule en vacances – la moins enviable des situations : « Elle n’a personne avec qui partir, pas d’amant, pas d’amis, pas de famille… ». La femme seule en public, à la vue de tous, est une femme qui dérange. Elle n’est pas à la place où on l’attend : au foyer, au travail, au service des autres. C’est a priori une femme rejetée – véritable anathème pour un genre auquel a été assignée la mission de séduire – ou pire, une femme égoïste.

 

Certes, la femme active, mobilisée par son job, sa famille, ses proches, multi-sollicitée sept jours sur sept, 365 jours sur 365, ne rêve souvent que d’une chose : un moment de solitude. Je me souviens d’une amie, mère de quatre jeunes enfants, me lâchant épuisée : « Je ne peux même pas aller aux toilettes tranquille ! ». Ce moment de solitude rêvé, souvent magnifié, s’apparente à la quête du Graal. Et lorsque, par miracle, on parvient à l’arracher aux vicissitudes du quotidien, il y a comme un grand vertige : comment habiter cet espace vide sans les liens qui nous définissent ? Comment se retrouver soi quand on s’est si longtemps oubliée ?

 

Un jour, une autre de mes amies s’est retrouvée seule après vingt-cinq ans de vie en couple. Seule, sans son mari ni ses enfants qui au même moment quittaient la maison pour leurs études. Elle a basculé brutalement dans la solitude, une solitude subie, douloureuse. J’ai voulu l’aider par mon amitié, ma présence, mes mots. Et puis j’ai cherché des livres. J’ai trouvé un recueil intitulé Vous êtes toute seule ? (Actes Sud), sous la plume de Claude Pujade-Renaud. L’écrivaine y ausculte les mille et une facettes de la solitude des femmes dans une dizaine de nouvelles tranchantes. Mais je cherchais une autre histoire. Celle d’une solitude salvatrice.

2. Ce que j'ai (re)découvert

Seule Venise : le titre à lui seul m’a paru une promesse magnifique. Quelle femme peut imaginer partir seule à Venise, la ville des amoureux par excellence ? Celle où l’on embarque en gondole main dans la main, où l’on s’embrasse sous le Pont des Soupirs, où l’on traverse la place Saint-Marc en courant comme si on avait le monde à ses pieds. L’héroïne de Claudie Gallay l’a fait, sur un coup de tête, ou plutôt de désespoir : « A quarante ans, quittée par son compagnon, elle vide son compte en banque et part à Venise, pour ne pas sombrer. » Ne pas sombrer dans une ville pourtant entourée d’eau, plongée dans les brumes humides de l’hiver, c’est presque un défi impossible. « L’air sent la pierre mouillée, l’algue verte ». Noël approche, les touristes ont déserté. Seuls ne l’attendent pas les locataires de la modeste pension où la narratrice trouve refuge.

 

Le premier jour, il est midi, elle entre dans un restaurant en bord de canal. « Je dis au serveur que j’attends quelqu’un et il me donne une table pour deux, bien placée, avec une bougie et la vue sur les gondoles ». Le temps passe, la bougie fond, personne ne vient bien sûr. Regard bizarre du serveur. Et finalement, les choses se font, elle mange, elle rêve, elle paie. Première étape franchie. Elle est toujours vivante.

 

Le premier soir, au dîner, elle rencontre un autre pensionnaire, un vieux professeur russe en fauteuil roulant. Il ne dit pas un mot. Il n’a pas supporté son retard. Le lendemain, il se présente : « Vladimir Pofkovitchine, prince de Russie ». Il lui demande ce qu’elle vient faire à Venise. Nouvelle épreuve. Réponse crâne de la jeune femme : « Trouver l’amour ».

 

Le matin, au petit-déjeuner, elle croise Carla et Valentino, un couple épris de danseurs logés dans sa pension. « Vous êtes en voyage d’amour ? » lui demande Carla. Troisième épreuve. Il faut apprendre à faire face. Réponse franche : « Je suis à l’étape suivante. Celle où il faut oublier ». Elle ne peut s’empêcher de doucher l’enthousiasme des deux tourtereaux : « L’amour est un leurre ».

 

Le prince, les amoureux. La ville déserte et ventée. L’héroïne se laisse peu à peu porter par ces rencontres à la pension, et ces non-rencontres à l’extérieur : « On ne rencontre jamais personne dans les rues. Même en se perdant. Les gens sont seuls. » Elle observe ces gens seuls, une vieille dame, un SDF. Elle échange quelques mots avec certains : un homme qui promène son chien, le gardien du Campanile. Elle se perd dans les rues. Jusqu’à ce que ses pas la conduisent aux portes d’une librairie, où officie un mystérieux passionné de livres.

 

Avec une économie de mots et un talent pour exprimer les émotions comme les sensations, l’autrice nous dévoile comment peu à peu la solitude ouvre le champ des possibles : elle met tous les sens de la narratrice en éveil, ce qui lui permet de se reconnecter aux autres et au monde.

3. Ce que j'ai appris à faire

Ce livre m’a rappelé à quel point j’avais aimé partir seule, plus jeune, dans des lieux isolés. Des îles où je m’installais sans autre désir que de marcher, d’observer et de vivre là. J’y ai fait des rencontres fortes, inattendues, insolites. J’y ai compris que partir seule c’est se mettre face à soi-même mais c’est aussi et surtout se dévoiler aux autres. Pas de protection, pas de barrière, on se confronte à l’inconnu, qu’il soit naturel ou humain. Ce sont probablement les voyages qui m’ont le plus nourrie. Des voyages dont je suis revenue plus forte.

 

D’îles il est beaucoup question à Venise, ville-eau, ville-île, elle-même entourée d’îles : l’île des chats, l’île des fous, l’île des morts. Et dans ce roman, Claudie Gallay ne cesse de nous emmener vers ces territoires finis où l’on peut se confronter à soi-même : les livres, passion du libraire Manzoni. Ces livres que l’héroïne va découvrir dans cette ville, elle qui n’a pas l’habitude de lire et consulte surtout des magazines ou regarde des reportages télé. Des livres qui vont l’avaler, la sortir de la solitude. Autant que l’amour. Seule Venise me rappelle aussi, à moi la journaliste papivore, que rien ne vaut un bon roman ! Surtout celui qu’on ne s’attendait pas à découvrir.

4. Mes citations-mantras

« Il ne faut pas attendre. Laissez-vous traverser »

 

Ce conseil donné par le vieux prince russe à l’héroïne est une formidable règle de vie : ne pas attendre trop des autres, des choses, ce qui pourrait (ou pas) venir demain, mais savoir accueillir, saisir, ressentir, célébrer ce qui se présente là, maintenant. Le passé nous échappe, le futur est incertain. Nous laissons filer l’instant au lieu de nous en imprégner. Chaque moment partagé par l’héroïne avec le vieux prince à l’histoire enfouie est d’une intensité rare. Les gestes, les mots sont lents et précieux.

 

« Il faut apprendre à se pardonner, alors seulement on peut vivre mieux »

 

Cet autre conseil du vieux prince résonne avec puissance. Lui semble ne s’être jamais pardonné d’avoir laissé échapper l’amour de sa vie, pour un simple et dramatique retard d’une minute sur un quai de gare. C’est la narratrice qui va le conduire à ce pardon en retrouvant l’amoureuse disparue. Savoir se pardonner, voilà une qualité essentielle. Nous ne sommes pas parfait(e)s et ne le serons jamais.

5. Ce que ça a changé dans ma vie

Je sais qu’une femme seule est une femme en devenir, un devenir meilleur : elle est en train de grandir, quel que soit son âge, et de partir à la rencontre d’une partie d’elle-même, insoupçonnée. Une femme seule est une femme forte en puissance. Affronter la solitude est d’abord une épreuve, ensuite une récompense. La solitude est un état qui ne dure pas et vous transforme. Et qui chaque fois vous ramène davantage vers les autres.

Illustration : un grand merci à Louise de Lavilletlesnuages

Valérie Lion

Valérie Lion

Valérie Lion est rédactrice en chef de ViveS. Elle a intégré le groupe Bayard en 2020 comme rédactrice en chef à l’hebdomadaire Le Pèlerin. Elle a plus de 20 ans de métier comme journaliste économique, ayant travaillé pour L’Agefi, Enjeux les Echos, Le Nouvel Economiste avant de rejoindre L’Express en 2004 comme rédactrice en chef successivement des pages Réussir, Economie puis des hors-séries. Elle a imaginé et piloté la plate-frome « Somme toutes » dédiée aux femmes dans le business, avec pour slogan : « Quand les femmes comptent, l’économie progresse ». Elle est également une passionnée du Canada, pays où elle se rend régulièrement.

 

LE + VIVES

Le regard de Love for Livres

love for livre

 

POURQUOI CETTE LECTURE NOUS ÉMEUT-ELLE ET PEUT-ELLE NOUS FAIRE ÉVOLUER ?

 

Quel texte ! Quel beau dernier texte de cette série d’été « Le Livre qui m’a enrichi.e » !

 

Vanter les beautés de la solitude au sortir des sacro-saintes vacances d’été ne manque pas de toupet. Sauf que la solitude dont on parle se consume à Venise, reine des villes d’eau, propice à la rêverie et aux échappatoires, territoire de touristes bruyants ou d’éternels amoureux. C’est là que l’héroïne de Seule Venise va chercher un remède ou une plongée désespérée dans son chagrin pour mieux s’en départir ensuite. Il règne dans ce petit livre poétique une atmosphère inoubliable. C’est d’ailleurs le talent des grandes écrivaines que de nous enfermer sans verrou dans un décor, une ambiance, une contingence mise en mots.

 

La lecture de Seule Venise nous fait d’abord ressentir une immense tristesse. Car quoi de plus déchirant que la fin d’un amour quand on y a cru ? Comme on se sent touchés par cette narratrice à la fois déterminée et profondément perdue qui arpente une Venise déserte ! Car c’est une femme dont il s’agit, Valérie Lion en souligne les conséquences. Les femmes, dans les sociétés patriarcales, sont malheureusement celles qui historiquement ont été façonnées par un rôle public ou privé, dépendant du bon vouloir d’autres et en particulier de celui des hommes.

Une femme seule brise ce schéma. Elle n’a pas de rôle établi, elle devient invisible ou doit, sauve-qui-peut, être recasée.

S’il s’avère qu’elle a en plus un certain âge, la doxa enfonce le clou : la solitude ne doit pas être exposée aux yeux des autres. La femme se cache, est invisibilisée par les sources d’influence, elle disparaît et il lui est interdit désormais de faire société. Pourtant, passé quarante ans, les femmes ont l’opportunité d’accéder à un deuxième moment de vie sociale et de développement.

Au final, la narratrice de Seule Venise, à travers ses déambulations improbables dans une ville mythique, froide et trop tranquille, nous plonge au cœur d’un sentiment de nostalgie.

 

Mais c’était sans compter sur les personnages qu’elle finira par rencontrer dans sa quête ! Car souvent les romans ont le don de tout retourner. Nous nous pensions frigorifiés et éteints, frappés par ce chagrin d’amour. Et bien non, nous ressentons à nouveau la joie des commencements ! « Il ne faut pas attendre. Laissez-vous traverser ». Cette phrase choisie entre toutes par Valérie Lion résonne à la fois comme la meilleure invitation possible à la pleine conscience, mais aussi comme une poussée vers le plus intense de la vie. Du côté de cette pleine conscience, et plus particulièrement de la méditation, les atouts sont tangibles : à l’Université de Toronto par exemple, des psychologues estiment qu’elle pourrait faire baisser les dépressions et le risque de rechute drastiquement. Du côté de l’intensité, un seul mot d’ordre : la vie est faite pour râper, blesser, toucher, bousculer, transformer. C’est son principe fondamental.

 

Vivre c’est donc accepter d’exister sous le régime de la réinvention permanente. Et de se laisser surprendre par des rencontres hors du commun qui, à Venise comme ailleurs, nous feront emprunter une nouvelle route. Joie des émotions qui ne nous laissent pas indemnes. On pense à Kafka : « Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. »

Essere vivi e saperlo, ce qui veut dire : être vivants et le savoir. Vive Venise !

 

POUR VOUS DÉLECTER DE VOTRE SOLITUDE

 

  • Dévorez l’essai Vieille fille (Ed. La Découverte) paru le 8 septembre
  • Vibrez dans la douceur de Nos âmes la nuit de Kant Aruf (Robert Laffont, 2016)
  • Trouvez de l’inspiration pour démarrer votre bullet journal (tenir un journal est un redoutable outil de gestion du stress)
  • Ecoutez les 4 épisodes du podcast « Vivre avec la solitude » de France Culture
  • Laissez-vous emporter par Venise n’existe pas, le très joli court-métrage d’Ana Girardot, actuellement sur Canal +
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La série de l'été avec LOVE FOR LIVRES

Parce que les livres ont la capacité de changer notre regard sur la vie et sur nous-mêmes, chaque samedi, une plume de ViveS vous révèle le livre qui a transformé son existence.

 

En partenariat avec Love for Livres, cette nouvelle série vous donne des clés concrètes pour faire de vos émotions des alliées et vous accompagner au mieux dans votre parcours de vie. Elle est aussi une source de recommandations de livres divers et divertissants !

 

Et vous, avec quel livre avez-vous rendez-vous ?

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