Pourtant, un univers en pleine croissance continue de résister à cette tendance de fond : le numérique. Les startups font la une des médias depuis des années. Certaines d’entre elles, comme Apple ou Facebook, sont devenues des géants qui régissent le monde. Les métiers du numériques ont explosé, la tech est incontournable dans un nombre croissant de secteurs, des médias à la santé en passant par l’immobilier, les transports et les services financiers. Pourquoi, dans ces conditions, les femmes y sont-elles si peu représentées ?
“ Il y a beaucoup à faire pour changer les mentalités, au niveau de l'orientation d'abord "
Si les femmes sont sous-représentées dans ce secteur primordial de notre économie, ce n’est pas parce que leur cerveau n’est pas “câblé” pour cela. Elles occupent déjà une large place dans les études supérieures (57% des diplômés d’études supérieures sont des femmes), elles ont investi des filières scientifiques comme la médecine ou la recherche. En revanche, elles disparaissent des filières ingénieurs et tech (25% des effectifs dans les écoles d’ingénieurs étaient des femmes en 2017), et donc sont absentes de nombreux métiers d’avenir.
Cela n’est pas une fatalité, mais il y a beaucoup à faire pour changer les mentalités, au niveau de l’orientation d’abord, puis au sein des écoles, en entreprise, dans l’univers des startups et de ceux qui les financent.
Les startups, d’ailleurs, parlons-en ! Même si elles sont majoritairement petites et dispersées, elles jouent un rôle essentiel en termes de considération et d’image. Elles imposent les modèles culturels à toutes les autres organisations. Il est donc essentiel que les femmes, elles-aussi, y trouvent leur place.
“ Nous souhaitions relever le défi d'amener plus de femmes vers l'entrepreneuriat numérique "
Lorsque j’ai co-fondé ma société d’investissement The Family il y a huit ans, notre mot d’ordre était que les entrepreneurs pouvaient venir de n’importe où et pouvaient avoir les profils les plus divers. Emmenés par mon associée Alice Zagury, présidente de la société, nous souhaitions en particulier relever le défi d’amener plus de femmes vers l’entrepreneuriat numérique.
Après quelques années, cependant, nous avons dû admettre notre échec. Les entrepreneurs qui venaient à nous restaient majoritairement des hommes. Les rares femmes, lassées d’être prises de haut par leurs pairs et ignorées par les investisseurs, étaient nombreuses à baisser les bras face à l’adversité et à passer à autre chose. Car le succès d’une startup dépend beaucoup de ses investisseurs, c’est-à-dire les business angels (qui placent leur argent personnel dans ces startups) et les gérants de fonds de capital-risque.
Si un entrepreneur veut réussir à faire décoller son activité, il doit convaincre des investisseurs de lui confier du capital, et ceci régulièrement : à l’amorçage, en phase de croissance, et lorsque l’entreprise parvient à maturité. Or, vous l’aurez deviné, les investisseurs sont quasiment tous des hommes – et quand une entrepreneuse se présente devant eux, elle a souvent le plus grand mal à les convaincre d’investir dans sa startup. Seulement 2% des investissements en capital-risque sont allés à des femmes depuis 2008 !
En d’autres termes, le monde des startups semblait leur être irrémédiablement hostile.
“ Pour aider une femme, rien de mieux qu'une autre femme "
Il faut bien admettre que le manque de diversité déclenche un cercle vicieux. Moins il y a de femmes dans les startups, moins il est facile pour une nouvelle venue d’y trouver sa place. Toute organisation dominée par des hommes tend à ignorer, méconnaître, et parfois traiter mal les femmes trop peu nombreuses. On le constate dans les pratiques de management, le choix des mots, et même la teneur des interactions quotidiennes entre collègues.
La solution qu’a trouvée mon associée Alice il y a quelques années pour affronter cette situation part de deux idées très simples :
1/ Pour aider une femme, rien de mieux qu’une autre femme. Les femmes doivent absolument se serrer les coudes et se connecter les unes aux autres. Cela passe par les réseaux et associations, qui sont des “guildes” d’un nouveau genre, permettant à ses membres d’échanger conseils et expériences, et de faciliter leur progression. Cette interaction féminine devrait, d’ailleurs, se jouer aussi au niveau crucial du financement. Une investisseuse, bien plus qu’un investisseur, est souvent la mieux placée pour identifier le potentiel d’une startup fondée par une femme. Il faut donc plus de femmes investisseuses !
2/ Si les femmes veulent réussir, il faut qu’elles cessent de chercher à imiter les hommes et surtout de douter d’elles ! Elles ont toutes les capacités, y compris cognitives, pour creuser leurs propres sillons, imaginer de nouvelles solutions.
“ Aujourd'hui, les besoins sont énormes et en croissance exponentielle "
Aujourd’hui, les besoins sont énormes et en croissance exponentielle : il y a de plus en plus de postes dans les startups pour les personnes en reconversion professionnelle. Les compétences recherchées sont moins “pointues” : il n’est pas forcément nécessaire de savoir coder pour travailler dans une startup. Les startup en croissance cherchent toutes des administrateurs pour rejoindre leur board, et les femmes sont rares donc très demandées. Enfin, les startups qui sont à maturité, elles, cherchent des managers expérimentés pour gérer des grosses équipes et délivrer des résultats. Pourquoi pas vous ?
C’est pourquoi toutes les femmes, quels que soient leur profil et leur âge, peuvent rejoindre cet élan, et se rapprocher de l’économie numérique et du monde des startups.
Illustration : Un grand merci à Wood et l’agence Virginie