C’est aussi ce qui est arrivé à Alexia Colson-Duparchy. Un matin, en se brossant les dents, celle qui a envoyé valser sa carrière d’avocate pour embrasser celle de coach d’entrepreneurs, a une révélation : « Je vais écrire un livre ». Cela fait des mois qu’elle cherche comment bâtir une communauté autour du changement de carrière. Mais elle piétine. Et puis, l’idée du livre s’impose à elle comme une évidence. Elle qui vit dans un appartement où tous les murs sont couverts de bouquins se dit que ce sera le meilleur moyen d’inspirer les autres. Et voilà comment Alexia rencontre et échange avec 35 personnes : des femmes et des hommes, qui ont décidé à un moment de changer de voie. Parce que oui, c’est possible, oui c’est faisable, oui tous les freins peuvent être levés. Et c’est cette philosophie qu’Alexia souhaite diffuser.
“ Mais voilà, il faut quitter le statut social, les titres chèrement acquis, revoir son niveau de vie…"
93 % des Français ont déjà songé à faire une reconversion professionnelle. Et 38% d’entre eux ont franchi le cap. Pourquoi ? Selon Alexia, quelle que soit la tranche d’âge il y a deux déclics majeurs : la maternité et la mort. Les deux extrêmes en quelque sorte. Intéressant, non ? La jeune femme qui devient mère remet tout en cause. La femme dont les enfants vont bientôt quitter le foyer, revoit également sa carrière. Elle est plus confortable financièrement, a peut-être un peu d’économies et elle s’autorise alors à vivre la vie qu’elle veut vraiment.
Et puis il y a celles et ceux qui sont confrontés de près ou de loin à la mort, qui réalisent que la vie n’est qu’un jeu et qu’il faut en saisir chaque instant. Mais voilà, il faut quitter le statut social, les titres chèrement acquis, revoir son niveau de vie… C’est la raison pour laquelle il y a un si grand écart entre ceux qui aspirent à changer de carrière et ceux qui le font vraiment !
En réalité, les freins pour oser envoyer valser sa carrière ne sont pas si nombreux : « Il y a le manque de connaissance de soi et le manque d’assurance », analyse Alexia. C’est tout. « La société entière est organisée pour nous élever le plus haut possible » poursuit-elle. Résultat : on veut une carrière sécurisante, apaisante et socialement valorisante. « Mais dans les grandes écoles, qui va vous encourager à devenir fleuriste ? Restaurateur d’art ? » demande Alexia… Personne ! « Ils nous poussent vers le haut mais le haut n’est pas forcément synonyme de prestige. Le haut c’est l’accomplissement de soi », assure la coach.
“ Il y a ceux qui sautent le pas, qui le choisissent et puis il y a ceux qui le subissent "
Et pour trouver cet accomplissement il faut probablement aussi du temps. « Car à 20 ans, on n’a pas eu la frustration qui vient avec une carrière qui se retrouve trop étroite à un moment donné. C’est de cette frustration que naît une seconde éducation », explique Alexia. « D’ailleurs aucune personne interviewée dans mon livre ne regrette sa première carrière professionnelle. Même les moments les plus pénibles ! C’est cette expérience qui vous valorise, qui montre que vous êtes capable de faire, d’avoir des résultats, de progresser… La carrière est le premier des outils de développement personnel : vous y découvrez vos valeurs, là où vous êtes bon, là où vous avez vos limites », poursuit-elle.
Quand vous vous connaissez vraiment, que vous avez eu une première vie professionnelle, vous vous demandez ce que vous allez faire de votre cerveau, de vos talents, de vos compétences… Alors il y a ceux qui sautent le pas, qui le choisissent et puis il y a ceux qui le subissent. Un burn-out ou un licenciement les oblige à repenser leur avenir professionnel. Dans le fond, c’est une opportunité fabuleuse. Mais sur le moment, ce n’est pas vécu comme cela.
“ Ils vont réussir à dépasser leurs craintes en allant jusqu’au bout de ce qui leur fait peur "
Quoi qu’il arrive, que le changement de carrière soit subi ou choisi, chacun parvient à dépasser ses freins. Comment ? Assez naturellement finalement, avec le temps. « D’abord, les gens constatent que leur vie d’avant n’est plus possible. Il y a un ras-le-bol qui s’est installé et qui n’est plus tolérable. Et puis ils vont réussir à dépasser leurs craintes en allant jusqu’au bout de ce qui leur fait peur », détaille Alexia.
Ce dernier point me titille. Aller jusqu’au bout de ses craintes… Qu’est-ce que ça veut dire ? « C’est un travail que les personnes vont faire sans s’en rendre compte grâce à leur entourage, qui, sans le vouloir, les challenge, en les questionnant. » Vous savez, ce proche qui pense vous soutenir mais qui vous dit maladroitement « Mais t’es vraiment sûr(e) de vouloir faire ça ? » « Et si tu te plantes ? » « Tu veux pas attendre encore un peu ? »
Toutes ces questions sont précisément celles que la personne qui souhaite changer de carrière se pose. Elle se retrouve donc obligée de trouver des réponses solides, pour rassurer son entourage. Des réponses qui vont finalement lui permettre de se rendre compte qu’il y a toujours des solutions. Et de dépasser ses peurs. Magique non ?
Illustration : un grand merci à Rokovoko |