Logo ViveS foncé
  • Nos newsletters
  • Osons l'oseille
  • Rencontres
  • ViveS Académie
  • Collectif
  • Connexion
Rechercher...
Accueil > Newsletters > Partageons les rôles > Vous avez dit « Gender Fatigue » ?
couple - banc - homme parapluie

Jon Krause

Maxime Ruszniewski

Maxime Ruszniewski

Partageons les rôles

Vous avez dit "Gender Fatigue" ?

10 novembre 2022

Une petite musique s’installe dans les repas de famille, à la machine à café ou sur certains plateaux de télévision : depuis 2017 et la déflagration #Metoo, on parlerait “trop” des inégalités entre les femmes et les hommes. La petite musique se répand tellement qu’on a inventé un terme (anglo-saxon) pour la nommer : « gender fatigue ». La fatigue liée au genre. Ce sentiment est-il justifié ou assiste-t-on à la naissance d’un nouvel alibi pour feindre d’ignorer l’irrépressible chemin vers l’égalité ?

Partager la newsletter

LinkedIn icon Twitter icon WhatsApp icon
Partager par email

La fin de l'omerta

L’égalité entre les femmes et les hommes est entrée dans ma vie comme une évidence : je suis le dernier d’une fratrie composée de deux grandes sœurs, et nos parents nous ont toujours élevés de la même façon. Très tôt, ma masculinité tranchait avec celle de mes camarades d’école : je délaissais le foot pour jouer avec les filles, je refusais d’adopter les codes du “garçon bagarreur”. J’attirais les moqueries, ce qui a certainement développé chez moi une sensibilité accrue pour les discriminations.

 

Aujourd’hui, le sujet des inégalités femmes-hommes s’est invité dans l’espace médiatique tout comme dans nos relations interpersonnelles. Nos dirigeants, bien qu’ils peinent à obtenir des résultats solides, en ont fait une « Grande cause nationale ». Plus une seule entreprise de plus de 50 salariés ne peut ignorer ses obligations en matière d’égalité salariale ou de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Les professeur.e.s des écoles intensifient leur apprentissage du respect et de l’égalité dès le plus jeune âge.

Mais il ne s’agit en réalité que d’un rattrapage, d’un rééquilibrage. Des années durant, les inégalités ont été invisibilisées. Puis nous nous sommes contentés de relayer ces discriminations, sans en expliquer les racines et le chemin pour les combattre.

 

Nous sommes aujourd’hui entrés dans une phase de remise en question, de déconstruction de nos habitudes et de recherche active de solutions. Cette invitation à changer nos comportements n’est pas perçue de la même manière selon notre sensibilité, notre histoire personnelle, notre éducation.

Elle effraie certains hommes qui peinent encore à comprendre qu’en perdant des privilèges (essentiellement associés au pouvoir), ils en gagnent d’autres, comme un meilleur équilibre vie professionnelle – vie privée, ou une relation plus forte avec leurs enfants. Elle rebute certaines femmes qui craignent que des prêcheurs de bonne conscience s’invitent dans leurs foyers pour leur expliquer ce qu’elles ne devraient plus tolérer.

 

A titre personnel, j’ai toujours été convaincu que prôner l’égalité femme-homme n’a rien à voir avec la contrainte ou la morale. C’est au contraire un puissant levier pour assainir les relations sociales, améliorer les conditions de travail, apaiser les tensions dans le couple. Dans mon cercle proche, je constate par exemple que les couples qui résistent le mieux sont ceux qui ont mis les mauvaises habitudes et leurs égos de côté pour réfléchir à un meilleur partage des tâches domestiques.

Est-ce vraiment beaucoup de bruit pour rien ?

Un seul chiffre devrait interroger les apôtres du « On n’est pas si mal lotis en France ! ». La charge mentale -ce surcroît de travail majeur subi par les femmes dans la sphère domestique- ne s’est miraculeusement pas inversée à force d’articles de presse consacrés aux doubles journées des femmes. 73 % des Françaises estiment toujours faire plus de tâches ménagères que leur conjoint.

Au bureau, il n’est pas rare d’entendre certains collègues dire à la pause déjeuner que « la politique des quotas serait de la discrimination à l’envers ». Pourtant, elle n’a toujours pas permis la parité aux postes de pouvoir : seulement 14 % des dirigeants d’entreprise sont des femmes, et au sein des entreprises du CAC 40, on ne compte que 3 femmes directrices générales (et deux présidentes).

Si l’on considère l’ensemble de la population, les inégalités salariales persistent. Y compris à poste égal.

Dans une récente tribune consacrée à la “gender fatigue”, Marie Eloy, fondatrice de l’association Femmes des Territoires et de l’entreprise Bouge ta Boîte, rappelle qu’« au rythme actuel, il faudrait 254 ans pour combler les disparités professionnelles. »

Diversifions les prises de parole !

Si les chiffres sont têtus, suffisent-ils à convaincre les plus sceptiques d’entre nous ? Rien n’est moins sûr.

Je ne parle pas de ceux qui contestent l’existence même des discriminations et leur nécessaire réduction, mais de cette partie non négligeable d’individus qui souhaitent plus d’égalité pour leurs filles, femmes et amies, sans pour autant battre le pavé chaque 8 mars.

En effet, une majorité de la population se revendique féministe mais ne s’identifie pas forcément aux porte-paroles médiatiques de cette cause. On aurait certainement beaucoup à gagner à encourager et diversifier les prises de position.

 

On pourrait par exemple écouter celles et ceux qui entourent les victimes de violences. Comme les médecins, les assistantes sociales, les policiers. Par leurs expertises, ne sont-ils pas tout aussi légitimes pour porter la cause des droits des femmes ?

En 2020, la crise du COVID-19 a mis en lumière des métiers dits essentiels et très majoritairement féminins : soignantes, assistantes maternelles, caissières, aides à domicile… Sans doute ces personnes étaient-elles les mieux placées pour parler du travail en miettes, des horaires décalés, de salaires insuffisants car socialement dévalorisés. Nous les avons si peu entendues. Elles nous auraient pourtant éclairés sur la distribution genrée des richesses.

Pourquoi, enfin, ne pas mettre davantage en lumière ces hommes qui interrogent une nouvelle conception de la masculinité et qui pourraient ainsi en inspirer d’autres ? A l’instar d’Ivan Jablonka, historien, qui questionne ce qu’est réellement la “virilité”.

Pourquoi il faut continuer d’en parler et d’agir

Ces nouvelles incarnations pourraient nous rappeler que l’égalité des genres ne constitue en rien un combat dogmatique ou théorique, mais bien la solution pour résoudre des situations concrètes comme par exemple :

 

  • valoriser davantage les cheffes d’entreprise et montrer comment elles ont explosé le plafond de verre.

 

  • donner la parole aux pères impliqués à la maison pour en inciter d’autres à prendre un congé paternité allongé.

 

  • entendre la voix de ces femmes (soignantes, enseignantes, etc.) qui font tourner la société et qui réclament une meilleure reconnaissance sociale.

 

Diversifier les représentations et les récits, c’est obtenir davantage de consensus autour de ces questions, proposer d’autres modèles d’accomplissement et de réussite. C’est rappeler que le féminisme est avant tout un combat du réel.

 

Demander à ce nouvel écho de faiblir, c’est un peu comme implorer la Sécurité routière de cesser ses campagnes de sensibilisation, au motif que les accidents mortels ont diminué ! C’est absurde. Dans la même logique, ce n’est pas parce que le réchauffement climatique fait –enfin– irruption dans nos conversations, qu’il faut cesser d’en parler.

 

En expliquant l’évidence sans brusquer les intimités, en associant toutes celles et ceux qui veulent le progrès et qui se demandent concrètement comment le réaliser, l’égalité réelle peut cesser d’être une utopie.

Illustration : un grand merci à Jon Krause

Maxime Ruszniewski

Maxime Ruszniewski

Avocat de formation, Maxime Ruszniewski a d’abord exercé comme journaliste sur RTL et Canal+, avant d’être nommé conseiller au Ministère des droits des femmes de 2012 à 2014. Devenu producteur, il a cofondé en 2019 et dirige aujourd’hui Remixt, une entreprise qui propose une solution digitale pour sensibiliser et sonder de manière ludique les salarié.e.s sur les sujets de Diversité & Inclusion (sexisme, racisme, handicap etc.). Co-fondateur de la Fondation des Femmes, il en a été l’administrateur bénévole pendant deux ans. Auteur en 2021 d’un TedX remarqué –Comment être un homme féministe aujourd’hui ?– il a publié en février 2023 chez Marabout son premier essai, le Petit manuel du féminisme au quotidien.

LE + VIVES

https://vivesmedia.fr/wp-content/uploads/2022/10/CategorieLire.png

À LIRE

Des livres :

  • Des hommes justes d’Ivan Jablonka (Ed. Seuil)Dans cet essai unique en son genre, l’historien et auteur du best-seller Laetitia remet en perspective l’origine et les conséquences du patriarcat pour mieux explorer sa propre masculinité. 
  • Tu seras un homme -féministe- mon fils d’Aurélia Blanc (Ed.Marabout)Un guide à destination des parents qui souhaitent élever leurs fils dans une optique égalitaire. Sans donner de leçon, en partant de sa propre expérience de mère, Aurélia Blanc partage ses outils pratiques (matériel pédagogique notamment) pour déconstruire habilement les stéréotypes de genre.

 

Une série d’articles :

  •  #Metoo les 5 ans d’une révolution Une série de 50 articles, reportages ou tribunes du Monde, qui retrace l’histoire de ce mouvement, porteur de beaucoup d’espoirs et de progrès, au-delà de ses excès.

 

Un article pour passer à l’action :

  • Comment s’engager auprès des associations en faveur des femmes ?
    Ce bel article de Mona (My little Paris) donne plein de pistes pour agir concrètement : au-delà du soutien financier -très important-, on peut influencer, se former (NousToutes), apprendre à réagir au harcèlement de rue pour soi ou pour les autres (Stand-Up), participer à des campagnes contre la précarité menstruelle (Règles élémentaires) ou à des missions ponctuelles proposées par la Fondation des Femmes… Une mine d’infos et d’idées pour celles et ceux qui décident d’agir.
https://vivesmedia.fr/wp-content/uploads/2022/10/CategorieEcouter.png

À ÉCOUTER

Un podcast :

  • Guide de survie aux fêtes de famille (Episode 53 des Couilles sur la Table – Binge audio)
    Une écoute indispensable pour ne plus se trouver à court d’arguments face aux attaques habituelles dès qu’on parle d’égalité femme-homme entre amis ou en famille !
https://vivesmedia.fr/wp-content/uploads/2022/10/CategorieVoir.png

À REGARDER

Une vidéo :

  • « Le sexisme ordinaire, on s’en parle ? » 
    Dans cette courte vidéo, des acteurs en peau de bête dans leur caverne abordent avec humour et justesse le sujet des stéréotypes sexistes dans les relations de travail.

A lire aussi

Maladie et travail : l'ultime tabou
Formations Parlons Travail
Maladie et travail : l'ultime tabou

À quand remonte la dernière fois où vous avez montré votre vulnérabilité au travail ? Où vous avez fait part d’une difficulté à votre manager ? Où vous avez pleuré ? Je suis prête à prendre le pari que vous avez du mal à vous en souvenir… Et pour cause ! La vulnérabilité n’est a priori (et j’insiste) pas compatible avec le monde du travail. Un univers où la performance est le maître-mot. Un univers où la moindre petite faille pourrait – pense-t-on – nous être fatale. Alors on se tait. Pas un mot sur ce qu’on traverse de difficile. Le silence est d’or, n’est-ce pas ?

Laure Marchal
Éducation financière : le prix de la liberté
Parlons Argent
Éducation financière : le prix de la liberté

En cette période d’inflation record (6% fin 2022), inédite depuis quatre décennies, l’argent est devenu l’une des principales préoccupations des Français. Et pourtant, on ne parle pas facilement d’argent en France. En famille ou dans le couple, le sujet reste tabou. Un tabou qui entrave l’indépendance économique et financière des plus fragiles, notamment les femmes.

Valérie Lion
Stéphanie Gicquel, parlez-nous d'argent !
Parlons Argent
Stéphanie Gicquel, parlez-nous d'argent !

Exploratrice de l’extrême, sportive de haut niveau, conférencière et auteure, Stéphanie Gicquel ne recule devant aucun obstacle. Cette ancienne avocate spécialisée en fusion-acquisition détient même le record du monde de la plus longue expédition en Antarctique à pied et un record de France d’athlétisme. Pour mener cette vie extraordinaire faite de projets et de défis, elle a quitté le confort d’une carrière toute tracée au sein d’un prestigieux cabinet d’avocat. Une prise de risque financière qui lui offre beaucoup de liberté.

Olivia Villamy
Facebook icon Twitter icon instagram icon LinkedIn icon
Partenaires
Ça vous a plu ? Inscrivez- vous !
Newsletter Osons l'oseille Rencontres ViveS Académie Contactez-nous Ressources
Politique de confidentialité Mentions légales CGU CGV Gestion des cookies © 2023 BAYARD - Tous droits réservés

Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves

La joie est une puissance, cultivez-la

Dalai Lama
Virginie Despentes
La joie est une puissance, cultivez-la
Dalai Lama
Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves
Virginie Despentes
La Newsletter

Je m'inscris à la newsletter ViveS

Chaque semaine une dose d'empowerment économique et financier dans votre boîte mail

Vous avez déjà un compte ?

Texte dssf dssf dssf  dssf

mot de passe oublié ?

Créez un compte

Je suis du texte

Mot de passe

Votre mot de passe doit contenir des minuscules, des majuscules, des chiffres, des caractères spéciaux et faire au moins 8 caractères

* champs obligatoire

Vives c’est avant tout une newsletter, in rhoncus senectus elementum
(Nécessaire)
« Ces informations sont destinées au groupe Bayard, éditeur du site VIVEs. Elles sont enregistrées dans notre fichier afin de vous envoyer les newsletters que vous avez demandées. Conformément à la loi « Informatique et Libertés » du 6/01/1978 modifiée et au RGPD du 27/04/2016, elles peuvent donner lieu à l'exercice du droit d'accès, de rectification, d'effacement, d'opposition, à la portabilité des données et à la limitation des traitements ainsi qu'à connaître le sort des données après la mort à l'adresse suivante : dpo@groupebayard.com​. Pour plus d'informations, nous vous renvoyons aux dispositions de notre Politique de confidentialité sur le site groupebayard.com. »
Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.