“ Y a-t-il une seule femme qui soit dupe et qui dirait que le 8 mars a changé quoi que ce soit dans sa vie ? ”
Depuis, des progrès immenses ont été faits et l’on sait maintenant que le 8 mars ce n’est pas « la journée de la femme » mais bien « la journée DES DROITS des femmes ». L’agenda événementiel du 8 mars est devenu aussi long que la double journée que les femmes s’enquillent souvent sans broncher. Au point que certaines d’entre elles, pourtant très engagées, déclarent « Je déteste le 8 mars ! », comme l’a fait la spécialiste de l’égalité femmes-hommes Morgane Dion sur Linkedin parce qu’« il ne veut plus rien dire », voire parce qu’il n’aurait jamais servi à rien comme l’écrit radicalement l’écrivaine Annie Ernaux dans une tribune : « Y a-t-il une seule femme qui soit dupe et qui dirait que cette journée a changé quoi que ce soit dans sa vie ? »
Et bien, je suis cette femme qui peut affirmer qu’il s’est passé quelque chose le 8 mars et c’était le Forum ViveS ! J’ai eu la chance d’interviewer un certain nombre des trois cents participantes et leurs témoignages étaient sans équivoque. La citation qui en est le meilleur résumé, c’est celle-ci : « Durant tout le Forum, j’ai ressenti des forces vives incroyables ! »
“ Les participantes se sont dites bluffées par la qualité des intervenants et des ateliers ”
Les participantes se sont dites bluffées par la qualité des intervenants et des ateliers, par la présence de personnalités comme Elisabeth Borne et Louise Mushikiwabo. La secrétaire générale de la Francophonie (OIF), qui regroupe 88 Etats dans le monde, a expliqué que ses deux grandes priorités sont l’éducation des filles et l’indépendance économique des femmes : « Une femme éduquée est capable de faire des choix. Elle sait s’occuper d’elle-même, de sa santé, de son entourage, de ses copines que j’appelle le “conseil d’administration” ! » En évoquant sa propre expérience, Louise Mushikiwabo a rappelé à quel point « il est important que les femmes puissent parler ouvertement et sans complexe de l’argent. Il faut parler d’argent aux jeunes filles le plus tôt possible. »
De son côté, la Ministre du Travail a également partagé un moment fort de sa vie, quand sa mère devenue veuve, avec deux enfants, a dû gérer l’entreprise familiale au bord de la faillite. Elle a été le rôle modèle d’Elisabeth Borne qui a fait carrière dans un monde essentiellement masculin, dans l’équipement et les transports, puis la politique. Elle en a tiré un enseignement : « Plus on bouge dans sa carrière, en changeant de job, d’entreprise, de secteur, plus on gagne en confiance. »
Les femmes présentes ont apprécié la diversité des sujets qui avaient à la fois trait au travail ou au leadership mais aussi à l’intime comme la ménopause ou l’amour. Josiane Asmane, jeune autrice, était enthousiaste : « J’ai découvert le parcours d’intervenantes géniales, ça m’a donné envie d’écrire un tome 2 des Fleurs de l’âge ! Elles sont tellement inspirantes… »
“ On ressent une envie d’avancer, de faire des choses ensemble, de faire progresser sa carrière, sa vie et d’assumer ce qu’on a envie de faire ”
Ce 8 mars, j’ai donc rencontré des femmes extraordinairement inspirantes et vives. Celles qui parlaient au micro mais aussi celles qui venaient écouter. Des femmes aux parcours divers, parfois difficiles, qui partageaient la même envie : apprendre, avancer, rencontrer.
Lorraine, devenue entrepreneuse après s’être arrêtée 8 ans pour élever ses enfants, confiait : « Ce qui m’a le plus plu, c’est la diversité des sujets qui englobent vraiment ce que peut être une vie de femme : l’équité hommes-femmes, la vie intime avec l’atelier sur la ménopause, le rapport à l’argent, savoir comment booster son réseau… La pluralité de ces domaines a été abordée et je trouve ça rare. »
Le besoin de liens pour échanger et s’épauler était particulièrement palpable. Il était vital pour Anne-Laure, en recherche d’emploi et accompagnée par l’association Force Femmes : « Savoir qu’on est appuyée par des réseaux de femmes, je trouve ça très rassurant ». Mais c’était vrai aussi pour Nathalie, cheffe d’entreprise dans la gestion immobilière : « Ça fait du bien d’être entourée de personnes comme soi. On ressent une envie d’avancer, de faire des choses ensemble, de faire progresser sa carrière, sa vie et d’assumer ce qu’on a envie de faire. » Muriel, à son compte dans la gestion d’image, ressentait le même besoin : « En tant qu’entrepreneuse, on est dans son coin, un peu isolée, surtout avec le Covid, et là on se retrouve et il n’y a pas de rivalité, ça fait du bien. »
Besoin de liens, mais aussi de directions concrètes et de personnes inspirantes qu’on a envie de suivre. Claire, en recherche d’emploi dans le secteur financier, me disait : « J’ai trouvé dans ce forum beaucoup de sincérité et d’autodérision des femmes sur leurs parcours parfois difficiles, mais aussi de ténacité et d’objectifs ambitieux. J’ai trouvé ça admirable, ça m’a donné envie d’agir encore plus. »
Valérie, qui travaille dans le coaching, venait aussi chercher du concret : « Je repars avec des astuces et des techniques pour mon profil Linkedin, une réflexion sur mon rapport à l’argent, avec des réponses sur la ménopause et je vais m’empresser d’aller reprendre rendez-vous avec mon gynécologue ! »
Quant à Sylvie, entrepreneuse spécialiste de la supply chain, elle s’est sentie particulièrement concernée par la réflexion sur notre éducation à l’argent, à la lumière de son vécu : « Veuve depuis 15 ans, j’ai eu à gérer des problèmes financiers et je n’étais absolument pas prête ! Maintenant j’ai pris conscience que former les femmes sur l’argent et l’investissement, c’est très important. »
“ Qu’est-ce que je ferais si je n’avais pas peur ? ”
Au Forum, nous avons cultivé le « bien-ViveS » ensemble et cela nous a portées. « Ne restez pas seule, faites-vous accompagner, venez parler, rencontrer des personnes d’horizons différents. Et n’attendez pas, comme on le voit trop, de réfléchir chez vous pendant un an, d’avoir déjà un projet ficelé pour oser en parler » a conseillé Sophie Fenot, déléguée générale de Force Femmes.
Quant à Marie Eloy, fondatrice de Bouge ta boîte et Femmes des Territoires, elle nous a révélé une astuce dont elle s’est dotée pour elle-même :
« Je suis une grosse trouillarde… Mais j’ai une technique que je m’applique à la lettre. Chaque matin, je me demande : « Qu’est-ce que je ferais si je n’avais pas peur ? » Je vous invite à vous dire ça en fermant les yeux et en visualisant une situation. Alors l’horizon s’ouvre et vous vous dites… « Mais en fait c’est possible ! » »
Et vous, que feriez-vous si vous n’aviez pas peur ?
Photos : © Juliette Osdoit pour Actually