De cette évolution, je me réjouis. En tant que femme et en tant que dirigeante. Toutefois, je continue de m’engager contre une injustice qui reste méconnue : aujourd’hui en France les femmes ont une difficulté à assurer leur autonomie financière et encore un risque aigu de s’appauvrir.
La situation des femmes s’est améliorée dans de nombreux domaines mais l’argent reste un tabou à lever. Sinon comment expliquer que parvenues à la retraite, les femmes touchent environ 33% de moins que les hommes pour les mêmes générations ? Il y a celles qui ont des vies faites de ruptures professionnelles multiples, celles qui sont salariées et qui ne parviennent pas à épargner ; celles qui travaillent à temps partiel pendant des années, celles qui divorcent, celles qui aimeraient savoir négocier avec leur employeur ou leur banquier.
Cette situation passe inaperçue, tant la société parle de la « puissance » des femmes, qu’elle s’en réjouisse ou qu’elle la déplore. Je pose donc la question : qu’est la puissance d’une personne quand sa situation économique la limite, voire l’exclut ?
C’est pour s’attaquer à cette question difficile et occultée, que j’ai voulu, au sein du groupe Bayard, lancer un nouveau media adressé aux femmes de plus de 45 ans : ViveS. ViveS est porté par la conviction profonde que les véritables progrès pour les femmes passeront par l’accroissement de leur expertise économique et financière. Au-delà des questions d’égalité salariale entre hommes et femmes, il y a urgence à mieux connecter les femmes à l’entreprise, au travail et à l’argent. La construction d’une véritable indépendance économique passe par une éducation financière, il faut aider les femmes à changer de posture par rapport à l’argent.
J’y vois un bel enjeu pour aider les femmes à préparer leur avenir, et à travers elles, à rendre l’avenir de toute notre société plus juste et plus harmonieux. Contribuer à les en rapprocher, à mieux leur faire comprendre cette logique faite à la fois de risque et d’optimisme est une belle tâche. Il est passionnant de défricher ce nouveau terrain d’expertise féminine notamment, dans un contexte, où l’auto-entrepreneuriat les séduit, et où par ailleurs, le rapport à l’habitat et l’accès à la propriété changent. Aujourd’hui, non seulement les femmes empruntent moins que les hommes, mais lorsqu’elles le font, elles apportent plus, moins sûres d’elles peut-être mais aussi moins épaulées par les banques.
Il faut absolument que ces deux indicateurs progressent et que les femmes s’emparent mieux de l’esprit d’entreprise et du sens de l’investissement.
En ce 8 mars, mon message aux femmes se résume ainsi : chères amies, nous qui comptons de plus en plus pour la société, nous nous devons apprendre à mieux compter !
Osons nous lancer dans les chiffres, osons nous pencher sur les bonnes données financières, apprenons à repérer les bons indicateurs… « Osons l’oseille », disons-nous dans le podcast de ViveS… Osons investir -littéralement « vêtir » : vêtir notre avenir, lui donner les bons leviers économiques protecteurs.
Après le temps de l’accès à l’éducation et à la culture, le temps de l’éducation économique est venu pour les femmes. Faire progresser les femmes dans la société fait avancer le monde. Ce défi nous concerne tous, entreprises, politiques, collectivités, associations afin que les femmes comptent plus et investissent mieux dans le futur.
Illustration : un grand merci à Marie Lemaistre et à Fllow