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Accueil > Newsletters > Partageons les rôles > Mixité : pourquoi les hommes ne sont pas dans le game ?
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Jean-Michel Monnot

Jean-Michel Monnot

Partageons les rôles

Mixité : pourquoi les hommes ne sont aps dans le game ?

12 janvier 2023

Depuis plus de 15 ans, mon métier est de faire bouger les lignes pour plus d’inclusion et pour plus de diversité. Et je dois dire que c’est un kiff absolu de se lever le matin avec l’idée saugrenue que l’on va changer le monde, au moins un petit peu. Mais je suis aussi stupéfait, et un peu horrifié, par le constat qui me saute aux yeux : au moins 80% des personnes passionnées et engagées pour la mixité sont des femmes. Et c’est là que me vient l’envie de troller Patrick Juvet en hurlant « Où sont les hommes ? »

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La réponse facile, et probablement un peu sexiste, serait de dire qu’ils sont devant la télé, ou devant leur ordinateur pour gérer des finances et des plans stratégiques : des trucs sérieux, quoi. Des trucs de mecs. Mais plus j’avance, et plus je me dis qu’ils n’ont peut-être tout simplement pas compris.

Les 3 raisons du manque d'engagement des hommes

J’animais récemment en Autriche un atelier pour Catalyst, la plus vieille ONG américaine oeuvrant en faveur de la mixité dans le monde du travail (depuis 1962 !). Et j’ai été bluffé par la remarque d’une femme lors du tour de table final : « Je n’avais jamais réalisé à quel point les hommes ne SAVENT pas ». Bon sang, mais c’est bien sûr. Je ne parle pas des hommes dominants ou harcelants, ni de ceux qui agressent ou qui violent. Ceux-là tombent sous le coup de la loi et ne sont pas concernés par la suite de ce propos.

 

Pour les autres, une clé essentielle me paraît être de les aider à passer de l’inconsciente incompétence (je ne sais pas que je ne sais pas, et tout va parfaitement bien pour moi) à l’incompétence consciente (je sais que je ne sais pas, et je ferais bien d’apprendre). Dans les conférences que je fais sur ce thème, j’aime poser une question super simple :

 

“Quelle place pour les hommes dans la mixité ?”

Et j’ajoute : “Trouvez une réponse en 3 caractères d’imprimerie.”

 

La réponse paraît évidente : “50%”, tout comme la place des hommes (approximativement) dans la population de cette planète. Mais soyons clairs, nous en sommes vraiment loin, et Catalyst identifie 3 raisons principales à ce manque d’engagement : l’ignorance, l’apathie et la peur.

 

L’ignorance 

Il est possible que certains hommes soient plutôt heureux de ne pas savoir, mais pour la plupart, il s’agit d’une ignorance sincère. Nous sommes peu à l’aise avec l’idée de privilèges, étant convaincus qu’ils ont été abolis lors de la révolution. Il faut pourtant accepter de faire le constat : être un homme donne des privilèges, des pouvoirs. Je me dois de citer le grand philosophe américain du 20ème siècle Spiderman qui disait « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». En donnant aux hommes l’occasion, sans uniquement les culpabiliser, de découvrir leurs privilèges, on peut leur permettre de se mettre dans les chaussures des femmes et de comprendre leurs réalités. C’est ainsi qu’ils peuvent avoir l’envie d’utiliser leurs privilèges pour promouvoir l’égalité et l’équité.

 

L’apathie

Il y a là l’idée que « ok, c’est un problème, mais c’est le problème des femmes ». En découle la conviction qu’il faut aider les femmes à résoudre leurs problèmes : de leadership, d’assertivité, de confiance en soi, et une kyrielle d’autres curiosités… Je me souviens de ce dirigeant d’un grand groupe international au Women’s forum demandant aux femmes d’oser lui faire des propositions. Il était totalement sûr de sa modernité et de son ouverture d’esprit. A aucun moment, il ne s’est demandé s’il faisait partie du problème, et donc de la solution. Catalyst a une autre citation que j’utilise souvent : « Stop fixing women, fix the workplace » (Arrêtons de remodeler les femmes, remodelons le monde du travail).

 

La peur

On peut identifier différents niveaux de peur, en commençant par celle de dire une bêtise, d’être maladroit et d’en subir des conséquences. « On ne peut plus rien dire » : combien de fois avez-vous entendu cette complainte ? C’est vrai qu’en 2023, il y a des choses que l’on ne peut plus dire, et c’est tant mieux car le sexisme fait trop de victimes. Dans le même temps, il est nécessaire d’être bienveillant avec celles et ceux qui « essayent », et qui peuvent être imprécis, incomplets ou maladroits. La limite est étroite, mais il est toujours mieux de présumer une intention positive.

Devoir partager quand on a toujours eu l’habitude de bénéficier de privilèges peut être perçu comme un recul ou comme une défaite. C’est alors une peur profonde qui se base sur l’idée du jeu à somme nulle : si les femmes gagnent, les hommes perdent.  Et, intuitivement, les hommes voient assez bien ce qu’ils ont à perdre. C’est là que se pose la question à 100 milliards d’euros :

 

Qu’est-ce que les hommes ont à gagner dans la mixité ?

 

Rappelons tout d’abord ce que l’on entend par « mixité » dans le monde du travail : un équilibre femmes-hommes qui tourne entre 40 et 60%, à tous les niveaux de responsabilité.
Voici les bénéfices que pour moi, les hommes peuvent tirer d’une meilleure mixité. Ils sont nombreux !

 

Être en accord avec ses valeurs

Parce qu’il n’y a aucune raison que les hommes soient moins sensibles aux valeurs d’égalité que les femmes, ils doivent prendre plaisir à se mettre en accord avec ces valeurs fondamentales. Lorsque l’on me demande d’aller travailler avec des comités de direction, on me recommande souvent de parler de rentabilité, ce que je trouve toujours étrange (comme si les membres d’un Codir étaient nécessairement des portefeuilles sur jambes). Je préfère viser le cœur, les émotions, avec par exemple cette superbe vidéo : le monopoly des inégalités. Les enfants ont cette simplicité magique qu’il nous faut retrouver en tant qu’adultes : « C’est pas juste !», « Ça se fait pas ! ». En tant qu’homme, je trouve que les inégalités que subissent les femmes sont injustes, et je ne veux pas les accepter.

 

S’alléger du poids des normes

Plus d’égalité, c’est pouvoir se sortir du carcan des normes masculines telles qu’elles ont été décrites par Yves Deloison dans son article de décembre. La santé mentale est devenue un sujet phare, et quand on sait que 75% des suicides sont le fait des hommes, on peut en déduire que faire avancer la mixité, c’est aussi améliorer la qualité de vie des hommes.

 

Garder son job

Les entreprises mixtes sont plus durables car elles développent une meilleure intelligence collective : c’est ce qu’ont démontré le MIT (Massachussets Institute of Technology) et l’université Carnegie Mellon de Pittsburgh dans leur étude présentée de manière provocante par la Harvard Business review : « Qu’est-ce qu’une équipe plus intelligente ? Plus de femmes ! » Je me souviens aussi de ce clin d’œil plutôt bien vu : « Lehman Brothers existerait encore s’ils étaient devenus Lehman Brothers and Sisters »

 

Avoir une vie équilibrée

L’égalité femmes-hommes permet aux hommes d’avoir une vie privée plus épanouie : la récente augmentation de la durée du congé paternité en est un exemple concret. Je n’ai pas souvenir d’avoir jamais entendu un homme dire « J’adore rester au bureau jusqu’à 21h, je suis tellement content de ne pas voir mes amis et ma famille. ».  L’équilibre vie privée/vie professionnelle n’est pas juste une affaire de femmes, encore faut-il que les hommes se sentent à l’aise pour faire leur « coming-out » et revendiquent leur besoin d’une vie plus riche.

 

Gagner plus

Les inégalités de salaires entre les femmes et les hommes subsistent même si des efforts sont faits sous la pression de la loi. En ajustant les salaires des femmes, il n’est pas question de diminuer les salaires des hommes (je serais curieux de voir la réaction des hommes dans ce cas…) mais bien de rendre justice au travail réalisé, sans distinction de genre. L’égalité des salaires est un changement gagnant-gagnant, elle bénéficie aux familles, donc aux hommes aussi.

 

Le Boston Consulting Group a publié une étude qui montre que lorsque les hommes sont engagés pour la mixité, 96% des entreprises progressent, contre 30% seulement quand les hommes restent en marge.

Engager les hommes dans la mixité, c’est un peu comme naître droitier dans un monde de droitiers, et avoir peur qu’on nous demande de devenir gaucher, alors qu’il faudrait juste apprendre à devenir ambidextre.

Si c’était simple on l’aurait déjà fait, alors passons aux choses difficiles pour avoir un impact.

Illustration : un grand merci à Wood et l’agence Virginie

Jean-Michel Monnot

Jean-Michel Monnot

Jean-Michel Monnot est expert de l’inclusion et de la diversité, dont la mixité dans le monde du travail. Il a travaillé pendant 25 ans chez Sodexo, avec entre autres missions celle d’appliquer sur le terrain de différents pays, les objectifs de diversité et d’inclusion du groupe.
Formateur, auteur, conférencier estimé, il est à l’origine de diverses initiatives dont le cabinet All Inclusive !, un accélérateur de performance par l’inclusion.
Il a été membre du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, entre 2016 et 2019. Il a collaboré au livre collectif Mixité, quand les hommes s’engagent.

Suivez-le sur Twitter et Linkedin.

LE + VIVES

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À DÉCOUVRIR

Un modèle inspirant :

  • MARC (Men Advocating Real Change), une initiative de l’ONG Catalyst.
    MARC a pour but de sensibiliser et de former les hommes à leur rôle dans le changement vers plus d’équité, d’inclusion, de mixité, à la fois à titre individuel et dans le monde du travail.
    Destinés aux salariés, managers, leaders, les programmes de MARC aident les hommes à prendre conscience et à s’emparer de cette responsabilité et de cette opportunité, pas seulement en soutien mais en véritables acteurs du changement.Les formations se déclinent en ateliers immersifs ou à distance, discussions, modules d’e-learning.
    Un belle initiative dont on peut s’inspirer !

 

Un appel de l’ONU :

  • HeForShe : en 2014, l’ONU Femmes lançait cette campagne internationale pour appeler les hommes -et tous les genres- à participer pleinement au changement vers l’égalité des genres. Vous avez peut-être vu le remarquable discours d’Emma Watson (qui venait d’être nommée Ambassadrice de bonne volonté par ONU Femmes) devant la tribune des Nations-Unies. Le mouvement HeForShe invite chacun à se saisir du sujet, à titre individuel et collectivement. Des ressources et kits d’action sont proposées par ONU Femmes sur son site (en anglais).
    En quelques clics, vous pouvez rejoindre le mouvement.
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À LIRE

Un livre :

  • Mixité, quand les hommes s’engagent, ouvrage collectif sous la direction de Marie-Christine Mahéas (Eyrolles, 2015). Dans ce livre, des experts (moitié hommes et moitié femmes) et des patrons (moitié hommes et moitié femmes !) tous engagés pour la mixité, en expliquent les mécanismes et les avantages concrets.
    L’ouvrage explique les freins à la mixité, et démontre en quoi elle est un véritable outil de performance pour l’entreprise, de sa pérennité, et de développement personnel pour tous.
    Un ouvrage mixte, précieux pour rééquilibrer le débat et réfléchir ensemble.

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