Les hommes transmettent l’argent parce qu’ils en accumulent davantage que les femmes, et ce pour plusieurs raisons : leurs salaires sont en moyenne plus élevés, donc ils peuvent davantage épargner, investir, et faire fructifier leurs revenus. Les femmes transmettent la vie… je ne vous fais pas un dessin !
Avouons-le : en général, les femmes ne se passionnent guère pour les questions de succession et d’héritage. Pourtant, leur espérance de vie fait que, si elles vivent en couple, elles ont plus de chances d’être le dernier vivant des deux conjoints. Cela devrait les inciter à se pencher sur ce sujet, certes pas forcément gai mais ô combien décisif, pour leurs vieux jours mais aussi pour l’avenir de leurs enfants si elles en ont, ou pour le devenir de leur patrimoine… si elles en détiennent un.
« Patrimoine », mot issu du latin « patrimonium ». Il signifie littéralement
« l’héritage du père ». La sémantique dit déjà bien des choses : il n’existe pas de « matrimoine » dans notre langage courant!
Pire : même si le droit des successions se veut égalitaire entre les héritiers, deux chercheuses, Céline Bessière et Sibylle Gollac, ont montré dans leur ouvrage « Le genre du capital », publié en 2020, que la pratique est en fait inégalitaire. « Les hommes et, en particulier, les premiers des fils, reçoivent plus fréquemment des entreprises, des logements, des terres, des valeurs mobilières », expliquent-elles. Autant de biens « structurants » qui permettent ensuite de générer des ressources. Les filles, elles, reçoivent des compensations en argent. Des liquidités qu’elles ne sauront pas forcément investir, parce qu’elles n’ont pas été sensibilisées ni formées à cela…
Comment sortir de ce cercle vicieux ? Dans le sixième épisode d’Osons l’oseille, nous écoutons Céline Bessière décrypter les mécanismes inégalitaires à l’œuvre lors des héritages. Nous allons à la rencontre de femmes qui se sont saisies de ce sujet. Parfois poussées par les circonstances, à l’instar d’Emmanuelle Assémat, venue prêter main forte à son frère dans la gestion du vignoble familial alors qu’elle n’était absolument pas « programmée » pour cela. Elle est finalement devenue son associée, avec la volonté farouche de préserver le domaine créé par ses grands-parents. Et maintenant elle réfléchit aux conditions de la transmission à ses propres enfants.
Louise, de son côté, après un divorce compliqué, s’est interrogée sur « la juste répartition de la richesse ». Ses enfants étant à l’abri du besoin grâce à son ex-mari très fortuné, elle s’est organisée pour qu’une partie de ses revenus bénéficie à une association engagée pour l’éducation des filles en Asie. Une façon pour elle de soutenir une cause qui lui tient à cœur, de rétablir un équilibre, et surtout d’avoir un impact sur le monde : « S’il y en a une qui s’en sort, c’est gagné »…
Une évolution devrait faciliter l’engagement des femmes sur les sujets de transmission : le métier de notaire – l’interlocuteur incontournable pour les successions et les héritages – se féminise à vitesse grand V. En 2020, 53% des notaires français étaient des femmes, selon les chiffres du Conseil supérieur du notariat. C’est désormais la profession la plus féminisée du monde de la justice. Et cela va s’amplifier puisque la même année, les filles représentaient 72% des nouveaux diplômés.
Dans ce sixième épisode d’Osons l’oseille, nous comprenons que réfléchir à la transmission de l’argent nous aide à envisager toutes les finalités de l’argent et à construire un rapport direct avec cette ressource indispensable pour assurer notre indépendance.
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