Logo ViveS foncé
  • Nos newsletters
  • Osons l'oseille
  • Rencontres
  • ViveS Académie
  • Collectif
  • Connexion
Rechercher...
Accueil > Newsletters > Parlons Argent > Combien je vaux ?
femme balance argent

Laurence Bentz

Aurélie Jean

Aurélie Jean

Parlons Argent

Combien je vaux ?

05 janvier 2023

Nous sommes en octobre 2014, à Boston aux États-Unis, je prends un café avec l’un de mes mentors. Nous parlons de mes sujets de recherche, du poste de professeur en Caroline du Sud que j’ai décidé de décliner l’été dernier, mais aussi – et surtout – de mon avenir. Quand tout d’un coup, il me pose une question qui va me perturber plusieurs jours : « Aurélie, donne-moi ta valeur. Combien tu vaux ? ».

Partager la newsletter

LinkedIn icon Twitter icon WhatsApp icon
Partager par email

Ma première réaction est de lui fournir avec toute la naïveté du monde mon salaire annuel actuel, il me sourit. Il m’explique ensuite que ce n’est pas ma valeur mais la somme qu’on a bien voulu m’accorder au regard de la grille des salaires des chercheurs de mon laboratoire universitaire. Il m’aura fallu deux ans supplémentaires pour tenter une réponse juste. Laissez-moi vous raconter comment j’ai appris à calculer ma valeur.

Pourquoi c'est LA question à poser

J’ai souvent remarqué que nous étions nombreux à sembler en difficulté au moment de fournir une réponse, même approximative, à cette question. L’argent est un sujet important – pour ne pas dire critique – et pourtant il reste interdit ou plutôt déplacé, quand il n’est pas vulgaire, lorsqu’une femme s’en empare. Justement, alors qu’une part significative des conseils donnés aux femmes porte sur les mécanismes de négociation d’un salaire, d’une prime ou encore d’un forfait journalier, la discussion devrait porter sur combien nous valons. Cette valeur devant être estimée avec justesse et pertinence, au risque de voir la négociation biaisée avant même qu’elle ne commence.

Un calcul logique et le plus objectif possible

Nous avons chacune et chacun une valeur sociale et économique au regard de nos expériences, de nos qualités mais aussi de l’industrie dans laquelle nous naviguons.
Cela se traduit par ce que nous pouvons apporter comme compétences  à travers l’élaboration d’un produit ou d’un service, ou à travers la génération d’un revenu, au sein d’une mission, d’une entreprise, ou encore d’une équipe. Cela se traduit également par le caractère plus ou moins indispensable de notre contribution au sein d’une organisation ou pour un projet spécifique. Certaines personnes dont les savoir-faire ne peuvent pas être automatisés et dont les talents sont relativement rares sur le marché -comme des métiers de l’art et de l’artisanat-, ont en théorie une forte valeur.
Mesurer sa valeur passe alors par un calcul somme toute logique et construit avec une certaine objectivité. Cela étant dit, nous calculons également notre valeur au regard de ce que imaginons connaître de la valeur intrinsèque des talents qui nous ressemblent. Ce qui réduit de toute évidence le prisme d’évaluation et donc le champ des possibles chez les femmes qui tendent à moins aborder le sujet de l’argent que leurs homologues masculins.

Cela, je l’ai découvert grâce aux échanges avec mon mentor.

« Tu vas tout déchirer ! »

Mais faisons un détour en 2015 à New York pour comprendre le cheminement de ma propre compréhension de ma valeur et surtout des moyens de la calculer. Je viens d’être retenue pour un poste de développeuse sénior en informatique à Bloomberg. Durant le processus de recrutement, je suis accompagnée d’un agent du nom de Joe. Cet homme d’une cinquantaine d’années a pour mission de me “vendre”, ou plus exactement de négocier mon package, comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique. Ce qui inclut mon salaire annuel, mon bonus mais aussi les avantages sociaux pris en charge par la société comme ma retraite et mon assurance maladie. Joe m’a suivie dès le premier entretien scientifique que j’ai eu au téléphone avec un ingénieur de la société, il m’a soutenue et m’a surtout donné confiance en ne cessant de me répéter que j’avais un profil « super bankable ». Je me souviens encore du message qu’il me laissa sur mon téléphone le matin de ma journée passée dans les bureaux de Bloomberg où je devais résoudre un challenge algorithmique : « You are gonna rock it ! » (Tu vas tout déchirer !). En échange de mon embauche, Joe a encaissé une prime qui équivaut à un pourcentage de mon salaire annuel. Vous comprenez alors qu’il avait tout intérêt à négocier mon salaire au plus haut, et le résultat fut surprenant. Mon agent a évalué – et a réussi à obtenir – 40 000 dollars de plus sur mon salaire annuel que ce que je pensais demander si j’avais été seule à négocier ma valeur. Depuis ce jour, je ne cesse de penser que nous devrions tous (et surtout toutes) avoir un agent en France. Un métier à développer !

Oser la question du « Combien tu gagnes ? »

C’est en racontant cette anecdote la même année à mon mentor que j’ai une “épiphanie”. Tout d’abord, je réalise que ma peur de négocier provenait de la simple crainte de transmettre un chiffre incorrect, trop bas – en passant pour une amateure – ou trop haut – en passant pour une arrogante. Connaître avec précision ma valeur était donc le moyen de dépasser cette peur.
Ensuite, comparer sa valeur à celle des autres est une méthode ingénieuse pour estimer la sienne avec justesse. Ce que fait Joe à travers son « benchmark » (étalonnage) permanent de packages au sein de ses talents et du marché. Ce qui était une évidence pour mon mentor masculin -connaître la rémunération des talents qui nous ressemblent- ne l’était aucunement pour les professionnelles qui m’entourent et pour moi-même. Enfin, je comprends que je devais, à l’instar de ce que fait Joe, connaître la valeur des hommes – et pas uniquement celle des femmes – au risque de rester dans un biais de genre sur la valeur que nous (les femmes) nous accordons. Depuis, je demande très souvent aux hommes de mon entourage, dans mon champ d’expertise avec une activité professionnelle similaire, leur salaire, leur tarif journalier ou encore leur prime. Entre vous et moi, il m’arrive d’ajouter 20% supplémentaires sur le chiffre qui m’est donné lorsque je sens que mon interlocuteur, gêné par ma question, a possiblement fourni une réponse à la baisse.

 

Demandez à vos homologues masculins combien ils gagnent. Vous les étonnerez systématiquement et vous les perturberez peut-être, mais vous trouverez votre porte d’entrée pour négocier. Car souvenez-vous, la négociation seule ne suffit pas, le montant proposé en est la clé… et donc votre valeur.

Illustration : un grand merci à Laurence Bentz et l’agence Virginie 

Aurélie Jean

Aurélie Jean

Aurélie Jean est docteure en sciences et entrepreneure, spécialisée dans les algorithmes et les simulations numériques. Elle vit et travaille entre les États-Unis et la France. Elle a fondé deux entreprises, une agence de conseil et développement en data et en algorithmique, et une startup de deeptech dans le domaine médical. Elle enseigne en formation continue, et est auteure de plusieurs best-sellers sur la science algorithmique. Elle contribue à de nombreux journaux et magazines pour le grand public sur les sciences et les technologies. Aurélie est également investisseure business angel. Suivez-la sur Twitter et Linkedin.

 

Crédit photo d’Aurélie Jean : ©Géraldine Aresteanu

LE + VIVES

https://vivesmedia.fr/wp-content/uploads/2022/10/CategorieLire.png

À LIRE

Une newsletter :

  • Salaire, apprenons à le négocier !
    Retrouvez la newsletter ViveS du 3 novembre 2022, écrite par Laetitia Vitaud.
https://vivesmedia.fr/wp-content/uploads/2023/02/Property-1_Default.svg

À FAIRE

Un atelier :

  • Suivez un atelier de négociation salariale “NegoTraining” organisé par l’école de commerce Audencia Nantes, à destination des femmes. L’atelier est gratuit, dure 3h et est accessible en partie en distanciel. La prochaine session est le 18 janvier, basée à Cherbourg. Nombre de places limité.

 

Une grille de salaire participative :

  • Contribuez à la grille de salaire participative de Plan Cash, “Combien tu gagnes ?”, lancée en 2022. Une fois que vous avez participé (votre anonymat est respecté), vous accédez aux données.
https://vivesmedia.fr/wp-content/uploads/2022/10/CategorieEcouter.png

À ÉCOUTER

Des podcasts :

  • Osons gagner plus, l’épisode 2 du podcast ViveS « Osons l’Oseille ».Regarder son salaire en face, estimer sa valeur, se préparer à une négociation avec un employeur, tout cela se travaille. Découvrez comment dans cet épisode, à travers les témoignages de femmes qui ont osé demander une augmentation et les conseils de Morgane Dion, de Plan Cash.
  • Ma Juste Valeur :  la saison 1 prodigue des conseils pour négocier ou renégocier sa rémunération.
  • Combien je vaux sur le marché de l’emploi : les conseils de Christel de Foucault, experte de la recherche d’emploi.
https://vivesmedia.fr/wp-content/uploads/2022/10/CategorieVoir.png

À REGARDER

Une vidéo :

  • Une session du Café Freelance dédiée à l’argent, où Laetitia Vitaud nous partage sa réflexion sur notre “valeur” et les liens entre cette valeur, l’argent et le pouvoir. Vous pouvez retrouver la version intégrale de ce Café Freelance, avec divers intervenants.

A lire aussi

Maladie et travail : l'ultime tabou
Formations Parlons Travail
Maladie et travail : l'ultime tabou

À quand remonte la dernière fois où vous avez montré votre vulnérabilité au travail ? Où vous avez fait part d’une difficulté à votre manager ? Où vous avez pleuré ? Je suis prête à prendre le pari que vous avez du mal à vous en souvenir… Et pour cause ! La vulnérabilité n’est a priori (et j’insiste) pas compatible avec le monde du travail. Un univers où la performance est le maître-mot. Un univers où la moindre petite faille pourrait – pense-t-on – nous être fatale. Alors on se tait. Pas un mot sur ce qu’on traverse de difficile. Le silence est d’or, n’est-ce pas ?

Laure Marchal
Éducation financière : le prix de la liberté
Parlons Argent
Éducation financière : le prix de la liberté

En cette période d’inflation record (6% fin 2022), inédite depuis quatre décennies, l’argent est devenu l’une des principales préoccupations des Français. Et pourtant, on ne parle pas facilement d’argent en France. En famille ou dans le couple, le sujet reste tabou. Un tabou qui entrave l’indépendance économique et financière des plus fragiles, notamment les femmes.

Valérie Lion
Stéphanie Gicquel, parlez-nous d'argent !
Parlons Argent
Stéphanie Gicquel, parlez-nous d'argent !

Exploratrice de l’extrême, sportive de haut niveau, conférencière et auteure, Stéphanie Gicquel ne recule devant aucun obstacle. Cette ancienne avocate spécialisée en fusion-acquisition détient même le record du monde de la plus longue expédition en Antarctique à pied et un record de France d’athlétisme. Pour mener cette vie extraordinaire faite de projets et de défis, elle a quitté le confort d’une carrière toute tracée au sein d’un prestigieux cabinet d’avocat. Une prise de risque financière qui lui offre beaucoup de liberté.

Olivia Villamy
Facebook icon Twitter icon instagram icon LinkedIn icon
Partenaires
Ça vous a plu ? Inscrivez- vous !
Newsletter Osons l'oseille Rencontres ViveS Académie Contactez-nous Ressources
Politique de confidentialité Mentions légales CGU CGV Gestion des cookies © 2023 BAYARD - Tous droits réservés

Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves

La joie est une puissance, cultivez-la

Dalai Lama
Virginie Despentes
La joie est une puissance, cultivez-la
Dalai Lama
Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves
Virginie Despentes
La Newsletter

Je m'inscris à la newsletter ViveS

Chaque semaine une dose d'empowerment économique et financier dans votre boîte mail

Vous avez déjà un compte ?

Texte dssf dssf dssf  dssf

mot de passe oublié ?

Créez un compte

Je suis du texte

Mot de passe

Votre mot de passe doit contenir des minuscules, des majuscules, des chiffres, des caractères spéciaux et faire au moins 8 caractères

* champs obligatoire

Vives c’est avant tout une newsletter, in rhoncus senectus elementum
(Nécessaire)
« Ces informations sont destinées au groupe Bayard, éditeur du site VIVEs. Elles sont enregistrées dans notre fichier afin de vous envoyer les newsletters que vous avez demandées. Conformément à la loi « Informatique et Libertés » du 6/01/1978 modifiée et au RGPD du 27/04/2016, elles peuvent donner lieu à l'exercice du droit d'accès, de rectification, d'effacement, d'opposition, à la portabilité des données et à la limitation des traitements ainsi qu'à connaître le sort des données après la mort à l'adresse suivante : dpo@groupebayard.com​. Pour plus d'informations, nous vous renvoyons aux dispositions de notre Politique de confidentialité sur le site groupebayard.com. »
Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.