Des hommes qui s’engagent et agissent concrètement en faveur de l’égalité, il y en a ! Ils croient aux vertus de la mixité, dans toutes les sphères de la société, domestique, économique, politique. Ils plaident pour un partage du pouvoir. Mais ce ne sont pas eux que l’on voit le plus dans les médias.
Alors nous avons décidé de faire entendre leur message et de valoriser leurs actions. Nous avons interrogé une poignée d’entre eux pour qu’ils nous confient les raisons de leur engagement. Et pourquoi pas, qu’ils suscitent des vocations…
Car l’égalité, c’est aussi une affaire d’hommes.
Xavier Alberti : “Un chemin inattendu, escarpé et heureux”
“Je ne suis pas né féministe et 53 ans plus tard, je ne le suis pas devenu. Pour un homme de ma génération, né sur les bords de la Méditerranée au sein d’une famille provençale et italienne, la domination masculine n’a jamais été une option mais bien une règle. Dès lors, pour moi, le féminisme ne peut constituer qu’un chemin de progrès et c’est bien comme cela que je le vis depuis quelques années, comme un chemin, inattendu, escarpé et heureux, oui heureux, car il y a dans la recherche de l’égalité quelque chose de profondément enrichissant, surtout quand pour atteindre l’égalité il faut se défaire de ce qui, finalement, nous encombrait.
Un chemin inattendu d’abord car rien ne m’y prédestinait et si je l’ai rejoint c’est parce que des femmes m’y ont invité. La première d’entre elles fut Tatiana F. Salomon, Présidente fondatrice de Jamais Sans Elles qui répète à qui veut l’entendre que le féminisme est un humanisme et qu’il a besoin autant des femmes que des hommes. Il y eut ensuite Sophie Iborra, Armelle Carminati-Rabasse, Catherine Ladousse, Marie-Anne Bernard et enfin Sylvie Pierre-Brossolette qui mène ce combat à la tête du Haut Conseil à l’Égalité avec une force et une efficacité remarquables.
Un chemin escarpé et difficile aussi, car si le combat féministe s’est bâti sur l’émancipation de la femme, il entre désormais dans une phase où les hommes vont devoir faire leur part, et à leur tour, s’affranchir d’un modèle qui les assigne à une seule façon d’être masculin.
Or si ce chemin vers l’égalité est difficile, c’est parce qu’il passe pour les hommes par une phase de prise de conscience qui appelle nécessairement un travail introspectif et rétrospectif. En effet, avant d’interroger la culture, l’éducation ou la société, il faut commencer par interroger ses propres comportements, passés et quotidiens, afin d’y déceler, si ce n’est l’origine du mal, au moins ses manifestations. Car l’égalité ne se fabriquera pas seulement par la parité politique et économique mais aussi par l’abandon du sexisme et de ses bras armés, l’assignation, la discrimination et la violence.
Un chemin heureux enfin, car si l’égalité reste souvent insaisissable, elle demeure une magnifique promesse de progrès. En cela, le féminisme n’est pas la lutte d’un sexe contre l’autre mais l’indispensable clé d’un humanisme enfin entier, reconstitué par la jonction des deux grandes parties de l’Humanité, la femme et l’homme, non pas indifférenciés, mais enfin réconciliés, côte à côte, simplement et parfaitement égaux, partout, tout le temps.”
Xavier Alberti, Président-fondateur de Majorian, membre fondateur du mouvement JamaisSansElles, co-président de la Commission stéréotypes et rôles sociaux au Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes.
Bertrand Badré : “Nous avons un besoin impératif de la diversité des intelligences et des sensibilités”
“C’est lors de mon passage à la direction générale de la Banque mondiale que l’enjeu du partage du pouvoir entre femmes et hommes s’est imposé à moi de manière brutale et pressante. À cette époque, les États se sont entendus pour approuver les accords de Paris sur le climat et les objectifs du développement durable proposés à l’Assemblée générale des Nations unies à New York en septembre 2015. Ces engagements planétaires soulignaient l’ampleur du défi auquel nous faisons face pour transformer notre modèle économique et social.
J’ai acquis alors une conviction qui ne m’a pas quitté depuis : nous ne saurons répondre à ce défi sans précédent qu’en mobilisant l’ensemble des forces, et notamment en n’excluant pas la moitié de l’humanité voire plus ! Ce ne sont pas les seuls hommes, encore moins les seuls hommes blancs, qui permettront de trouver les solutions aux problèmes. Il ne s’agit plus seulement d’inégalités de revenus ou de patrimoine, même si ces points font partie de l’équation à résoudre. Il ne s’agit pas non plus seulement de réduire les écarts d’opportunité, même si cela est évidemment indispensable. Il s’agit vraiment de redéfinir et de partager le pouvoir pour prendre ensemble les décisions qui nous permettront de faire face aux défis de ce siècle.
Nous devons engager une réflexion de paix entre les hommes et les femmes. Il ne s’agit pas de voir une forme de matriarcat succéder à une forme de patriarcat. Il s’agit de fonder par un travail en commun une manière d’exercer ensemble des responsabilités au service de notre planète et de ses habitants. Et d’apporter des réponses indispensables, créées et acceptées par tous, pour sauver notre planète, notre économie et notre vivre ensemble. Au fond, nous avons un besoin impératif de la diversité des intelligences et des sensibilités. Et il n’y aura pas de vraie diversité si nous ne savons pas commencer par une diversité hommes-femmes, qui soit vécue authentiquement et profondément par chacun d’entre nous. Cette conviction, elle est étayée par un nombre croissant d’études, notamment des organisations internationales. Elle s’appuie aussi sur une exigence éthique et morale. Comme disent les Anglo-Saxons, you can do well and do good at the same time, c’est-à-dire faire les choses qu’il faut tout en étant efficace. Cette boussole est la mienne. Au quotidien aujourd’hui, dans mes fonctions d’investissement comme dans mes engagements publics. C’est une clé pour traverser ce siècle et le traverser sans (trop de) dommages.”
Bertrand Badré a effectué l’essentiel de sa carrière dans le milieu bancaire (Lazard, Crédit Agricole, Société générale). Il a été directeur général finances de la Banque Mondiale (2013-2016) avant de lancer un fonds d’investissement baptisé Blue like An Orange Sustainable Capital, qui finance des projets à impact dans les pays émergents.
Maxime Barbier : “Être un allié des femmes pour changer le monde avec elles”
“Mon regard sur le sexisme et la misogynie a changé il y a à peu près 12 ans, lorsque ma sœur m’a demandé de devenir le parrain de sa fille. Dans le TER qui me ramenait à Paris ce dimanche de septembre, il m’est apparu comme une évidence que j’avais désormais la responsabilité d’être exemplaire pour cette petite fille qui venait de naître. Au même moment, je rencontrais celle qui allait devenir mon épouse, et qui m’a permis de prendre conscience de mes privilèges. Je crois que c’est alors qu’est née en moi l’envie de devenir ce qui plus tard allait prendre le sens d’allié. Mes amies et collègues m’ont aussi aidé à grandir. J’ai fait des erreurs, je me suis corrigé, j’ai appris que je ne devais pas attendre des femmes qu’elles m’éduquent sur leur condition. J’ai participé à des activités, comme du théâtre forum sur le sexisme systémique, pour améliorer ma compréhension de la situation. J’ai compris que je ne connaîtrai jamais pleinement ce que vivent les femmes mais que je pouvais être un allié pour changer le monde avec elles. C’est à nous les hommes d’écouter, d’apprendre, d’en parler, pour faire bouger les lignes.
Avec le fonds de dotation Orbital, un fonds familial créé par mon père il y a plus de cinq ans pour soutenir et valoriser les femmes entrepreneures, j’ai une opportunité concrète d’agir. Chaque membre de la famille apporte son expertise, et pour ma part, je suis en charge de la communication. Nous privilégions les initiatives responsables, comme Earthship Sisters qui à travers un programme original de 9 mois révèle le leadership des femmes pour en faire des éco-entrepreneures ou éco-ambassadrices et accélérer la transition écologique. Régulièrement, nous discutons des projets, des éventuels soutiens financiers ou partenariats. C’est une façon d’accomplir mon devoir d’engagement pour la justice sociale et l’équité.”
Maxime Barbier, fondateur de La Social Box, coach certifié, vice-président du fonds de dotation Orbital qui soutient les femmes porteuses de projets à caractère social, éducatif, familial, humanitaire, sportif, économique, environnemental.
Jean-Denis Budin : “Un mec normal dans la France du début du 21ème siècle”
“Il y a 15 ans, je n’avais pas pris conscience du parcours des combattantes !
Une école de commerce avec un tiers de filles : je pensais que j’avais vécu et compris la mixité. Ignare !
Une épouse copine de promo qui adaptait sa carrière professionnelle à mes mutations et aux 5 enfants qui arrivaient : c’était un choix commun, mais je n’avais pas conscience des injustices sociétales. Autruche !
Une multinationale industrielle avec des femmes managers presque uniquement dans les fonctions RH et communication : je sentais que ce n’était pas normal, mais il n’y avait pas tant de candidates pour les 60 heures de travail hebdomadaire. Maudit surtravailleur !
2 filles aînées qui font les mêmes écoles et ont les mêmes carrières que leurs frères. Fierté du père de combattantes, mais il n’y est pas pour grand-chose.
Enfin, bref, il y a 15 ans, un mec normal dans cette France du début du 21ème siècle, avec une super compagne toujours positive.
Et puis, après un burnout, j’ai changé de métier. Cela fait 15 ans que j’écoute les récits de vie des femmes. Waouh ! Qu’est-ce que cela reste plus dur que pour les mecs… Que de doutes, que de passages à vide, que d’idées noires, parmi toutes ces combattantes.
Des bagarres pour avoir les mêmes carrières que les mecs.
Des complexités avec des souffrances mensuelles, des grossesses ou des souhaits de grossesse qui challengent ce corps, des hormones qui chamboulent à la cinquantaine, et pas que.
Une répartition des tâches à la maison qui reste déséquilibrée.
Des injustices profondes lors d’un divorce, ou à la retraite.
Le combat pour plus d’égalité doit aussi être mené par les hommes pour que ne soit pas que la bagarre d’un seul genre qui défendrait sa chapelle.
Genre, nationalité, race, religion, orientation… soyons tous ensemble pour l’égalité de toutes et de tous.”
Jean-Denis Budin, après 20 années de direction d’entreprises puis un burnout sévère, a imaginé et cofondé l’ONG CREDIR pour accueillir des professionnels en transition, lutter contre l’épuisement humain et promouvoir la QVG (Qualité de Vie Globale). Il vient de publier son nouveau livre: “Le Cri-rêve des épuisés: Pour que la surdose numérique détruise moins de vies” (Leduc, 2024).
Francis Dupuis-Déri : “Prendre le risque de briser le lien de solidarité masculine”
“Mon féminisme prend sa source à trois endroits :
Mon histoire familiale : ma mère est québécoise, catholique francophone, mon père est né à Paris dans une famille juive originaire de Budapest, il est arrivé au Canada dans les années 1950 car insoumis, il ne voulait pas faire son service militaire et tuer des inconnus en Algérie. Cette identité hybride, et notamment la judéité, m’a sans doute donné un regard « oblique » sur bien des réalités, alors que j’évoluais dans un environnement très homogène de la classe moyenne blanche et d’origine catholique de la banlieue montréalaise. Ma formation universitaire : je suis politologue, et pour savoir si une société est égalitaire, on regarde qui a le pouvoir. On ne me fera pas croire que si les femmes contrôlent la cuisine, elles contrôlent la société. Les pays occidentaux ont la prétention de dire que l’égalité hommes-femmes est un acquis mais si on regarde les institutions, force est de constater que ce n’est pas le cas. Mes conjointes : elles ont bataillé fort pour me pousser à être cohérent, à mettre mes actes en accord avec mes idées, en particulier dans le travail domestique, et ma conjointe actuelle doit encore établir un rapport de force en trop d’occasions où je me défile. C’est si facile — et si avantageux — de revenir à nos vieilles habitudes, confortés par les normes culturelles et sociales.
Il y a un défi particulier à être un homme pro-féministe, que ce soit dans la sphère privée ou publique. Certaines féministes les acceptent volontiers, elles pensent que c’est bon pour le mouvement, parce que le féminisme est un humanisme et que dans certaines situations, les hommes sont mieux placés pour provoquer le changement. D’autres féministes se méfient, considèrent que ces hommes pro-féministes sont trop modérés, paternalistes ou veulent parler à la place des femmes, ou profiter des féministes. Un homme pro-féministe doit aussi prendre le risque de s’affronter aux autres hommes, de briser le lien de solidarité masculine, le boys’ club. J’ai pris ce risque. Sans le féminisme, les hommes se comprennent à moitié et ne comprennent le monde qu’à moitié. Le féminisme nous fait comprendre à la fois ce qu’est être un homme et ce qu’est la réalité des femmes.”
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Antoine de Gabrielli : “L’égalité est d’abord une affaire de couple”
“Très tôt, je me suis questionné sur les hommes et les femmes. À 13 ans, je trouvais stupide ma prof de français, militante féministe, qui ne tolérait pas qu’un garçon pleure en classe suite à une mauvaise note. À 15, le travail des femmes était devenu pour moi un vrai sujet de réflexion : j’admirais ma mère, médecin (« la doctoresse »), si différente des autres ! À 17 ans, j’étais frappé par les différences d’orientation scolaire ou professionnelle, selon qu’elle concernait les garçons ou les filles. À 19 ans, en classe préparatoire, je notais que les ambitions n’étaient plus de même nature selon le sexe. À 25 ans, je voyais l’hypergamie habituelle des couples. À 27, je me demandais ce qu’était devenu le sens du travail des hommes, et celui de l’émancipation des femmes par le travail, dans le monde économique d’alors. À 29, je constatais qu’il était à peu près impossible que, dans un couple avec enfants, les conjoints travaillent avec le même niveau d’engagement professionnel. À partir de 30 ans, j’étudiais ce qui empêchait concrètement les femmes, et surtout les mères, d’avoir les mêmes opportunités professionnelles que les hommes. À 35 ans, j’ai commencé à comprendre que le problème de l’égalité n’était pas d’abord un problème d’hommes, ou de femmes, mais beaucoup plus un problème de couple. À 40 ans, je prenais acte que la société, et encore plus le monde du travail, se gardaient bien d’aborder l’égalité par cet angle, et que les démarches cosmétiques ou idéologiques étaient toujours privilégiées au détriment d’une approche systémique.
Dès lors, je me suis engagé pour tenter de faire comprendre au sein des entreprises, des administrations et des ONG, ce qui est véritablement en jeu sous la question de l’égalité. J’ai proposé et mis en place différentes solutions innovantes. Parallèlement, devant le rouleau compresseur des logiques économiques, j’ai essayé de convaincre les couples que l’égalité serait toujours, dans tous les cas, d’abord leur affaire ; qu’ils ne pouvaient accepter que le monde économique décide à leur place ; que le travail devait être un moyen au service du couple et non une fin en soi ; qu’il en était de même pour l’égalité, à mettre au service d’un authentique projet qu’il revenait à chaque couple de formuler avec ambition et lucidité. C’est pour synthétiser cette réflexion d’une vie que j’ai finalement écrit S’émanciper à deux – le couple, le travail et l’égalité.”
Antoine de Gabrielli, entrepreneur, fondateur de l’association “Mercredi c-papa” en 2019 et du mouvement inter-entreprises Happy men and women share more en 2014, est l’auteur de S’émanciper à deux – le couple, le travail et l’égalité (Éditions du Rocher, 2024) : un plaidoyer pour construire l’égalité d’abord dans la sphère privée, en portant un autre regard sur le travail et le rôle de chacun.
Julien Marsay : “Un gay qui ne serait pas féministe, c’est de l’ordre du contresens pour moi”
“Écrire en faveur de l’égalité des droits femmes-hommes relève de l’évidence pour moi : mener des recherches sur l’invisibilisation des écrivaines, notamment pour mon essai La revanche des autrices, cela renvoie de facto à frayer avec l’histoire de la rhétorique misogyne et masculiniste.
Les récits d’autrices interrogent le patrimoine littéraire qu’on nous a imposé et qui était avant tout une affaire d’hommes. Je ne me suis jamais satisfait des pages proposées dans beaucoup de manuels : avec mon livre La revanche des autrices, j’ai quelque part décidé de créer mon propre manuel. Enquêter, c’est toujours chercher à réparer. Repenser l’histoire d’un domaine, c’est aussi une occasion précieuse de se repenser soi, individuellement, et de nous repenser, nous, collectivement.
Or l’histoire de la rhétorique misogyne et masculiniste est en grande partie la même pour les femmes que pour toute personne LGBTI+ : quand on est un « homme » gay, on a très souvent affaire aux mêmes dénigrements genrés (féminisation méprisante et injurieuse dès la cour d’école…), à des discriminations qui se font écho : nos corps sont bien plus exposés dans l’espace public que ceux d’hommes perçus comme hétérosexuels ; beaucoup d’entre nous ont aussi eu affaire aux violences physiques comme sexuelles, aux insultes, aux agressions et, hélas, pouvons encore trop souvent être tué•es pour ce que nous sommes… Un gay qui ne serait pas féministe, c’est de l’ordre du contresens pour moi, le même contresens que celui d’une femme qui serait garante du patriarcat. Et il nous est impérieux de l’être dans une seule perspective : intersectionnelle.
Femmes et personnes queers, nous subissons les mêmes oppressions : peu importe notre médium de lutte, nous devons lutter ensemble.”
Julien Marsay est agrégé de lettres modernes et enseigne dans un lycée d’éducation prioritaire de la banlieue nord de Paris. Il travaille depuis des années sur les questions de genre et de représentations. Il est l’auteur de La revanche des autrices et a également préfacé Guerre aux hommes d’Olympe Audouard, Finette Cendron et autres contes féministes du XVIIe siècle ainsi que Mes souvenirs d’Herculine Abel Barbin.
Jean-Michel Monnot : “La domination masculine, ça ne marche pas du tout”
“Dans mon métier de consultant, on me demande très souvent de donner des preuves démontrant l’intérêt de la mixité, et je sors à chaque fois ma batterie d’études et de recherches qui vont dans ce sens. Cela permet de parler au cerveau, mais c’est insuffisant : rien ne bouge si l’on ne passe pas du « nous » au « je ». C’est exactement la même chose pour moi, et donc…
- Je suis engagé pour l’égalité entre les femmes et les hommes parce que c’est la moindre des choses. Au nom de quoi faudrait-il justifier ou légitimer l’égalité ? Quel business case pourrait être plus important que mes valeurs ? Viscéralement, je ne supporte pas l’injustice, quand j’en suis la victime bien sûr, mais aussi quand 50% de mon monde n’est pas traité de la même manière que moi.
- Je suis engagé pour l’égalité entre les femmes et les hommes parce que cela fait quelques décennies que je teste la domination masculine, et il faut bien faire le constat : ça ne marche pas du tout. Je n’aime pas ces codes virils, ces normes qui sont censées définir ce qu’est une femme, ce qu’est un homme, et comment ça fonctionne entre eux. Je dois avouer que je me prends souvent les pieds dans le tapis, et que je me prends moi-même en flagrant délit de pensées sexistes et il m’arrive aussi de me faire challenger. Avoir conscience de son imperfection, c’est commencer un peu à agir.
- Je suis engagé pour l’égalité entre les femmes et les hommes parce que j’ai envie de me regarder dans la glace sans me boucher le nez. Je portais un jour dans un événement un t-shirt avec le titre du livre de Chimanda Ngozi Adichie « We should all be feminists ». Une femme est venue me voir en me recommandant un autre message : « Men of quality do not fear equality ». Elle avait raison, et j’ai dans la foulée commandé une variété de t-shirts avec cette phrase super engageante.
Ne pas avoir peur de l’égalité est une étape, mais agir pour la faire advenir, c’est cela l’engagement, et ce n’est pas tous les jours facile. Mais j’adore me faire traiter de woke.”
Jean-Michel Monnot est expert de l’inclusion et de la diversité. Formateur, auteur et conférencier estimé, il a fondé le cabinet All Inclusive !, un accélérateur de performance par l’inclusion. Il a été membre du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes et a collaboré au livre collectif Mixité, quand les hommes s’engagent (Eyrolles, 2015).
Maxime Ruszniewski : “Ce mouvement pour l'égalité me rend vivant”
“Je me suis engagé depuis 15 ans pour l’égalité femmes-hommes pour une raison simple : comment combattre les discriminations, toutes les discriminations, sans s’attaquer à la première d’entre elles ?
Ce mouvement pour l’égalité me rend vivant : je sens que je participe à quelque chose de plus grand que moi, l’une des rares causes qui me donne un regain d’optimisme dans un climat géopolitique anxiogène.
Faire la parité, lutter contre les violences, réduire les inégalités, interroger les masculinités, c’est contribuer à un monde qui bouge, plus équilibré, plus en nuances, et donc plus serein.
Engageons-nous !”
Maxime Ruszniewski est co-fondateur de Remixt, une entreprise qui propose des formations sous forme de web-séries pour sensibiliser les salarié.e.s sur les sujets de diversité et d’inclusion. Il est membre du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (HCE) et auteur du Petit manuel du féminisme au quotidien (Marabout, 2023).
Illustration : un grand merci à Louise de Lavilletlesnuages