Les Françaises paient le prix fort du manque d'éducation financière
A l’école, ce n’est pas mieux. On y reproduit avec l’argent l’échec de l’éducation sexuelle : celle-ci est inscrite dans les programmes de l’Education nationale, inexistante dans les faits. Résultat : un apprentissage sur les réseaux sociaux qui peut virer au désastre. Si le système scolaire considère de la même façon qu’il est inapproprié de parler d’argent, comment former des citoyens et des citoyennes aptes à gérer leurs finances, estimer leur valeur sur le marché du travail, investir avec discernement ?
Ce tabou persistant se traduit par un manque général d’éducation financière et les Françaises en particulier en paient le prix fort. Les femmes « se font davantage avoir » en matière de salaires, de retraite, d’accès à l’investissement et à la constitution d’un patrimoine. S’ajoute à cette spirale négative l’angoisse de ne pas maîtriser le sujet, car savoir c’est pouvoir, ignorer c’est subir. Seules 30% des femmes associent l’argent au plaisir. Pour 21%, il suscite de l’angoisse, pour 12% d’entre elles il représente même une contrainte.
Une expérience client faite de déceptions et d'abandon
Qui peut changer la donne ? Nous tous évidemment. Mais certains auraient plus que d’autres un intérêt bien compris à le faire : les institutions financières.
Et pourtant : « expérience frustrante », « grande solitude, les banques ne m’ont jamais aidée », « pas d’accès à de bons investissements pour les personnes qui ont des revenus modestes », « j’ai testé plein de trucs, et ce n’est pas facile ! Bien moins facile que ce que tous les coachs et influenceurs en investissement disent… ». Ainsi parlent les femmes du manque d’intérêt qu’elles ressentent à leur égard de la part des banques, témoignages recueillis par ViveS Média dans une enquête sur les femmes et l’investissement, réalisée l’automne dernier avec l’association Femmes Business Angel.
Cette « expérience client » faite de déceptions et de sentiment d’abandon se traduit dans les faits. Au-delà des comptes bancaires classiques (compte courant et compte épargne), les femmes détiennent très peu de placements financiers : elles ne sont que 23% à posséder une assurance vie en unités de compte (contre 31% des hommes), 16% un PEA (contre 22% des hommes) et 9% un compte titres de sociétés cotées (contre 21% des hommes), d’après notre étude sur « Les femmes et l’argent ».
Une demande d'information et de formation
Que font les conseillers dans les banques ? Il semblerait qu’ils n’en aient souvent plus que le nom. Le système les a transformés en vendeurs toujours soupçonnés de facturer des frais de gestion abusifs et qui n’inspirent pas confiance.
Pourtant, les femmes et tous ceux qui souffrent d’un manque d’éducation financière représentent une réserve d’épargne et d’investissement conséquente à injecter dans l’économie.
Et la demande de médiation est forte : les femmes cherchent des présentations claires sur les produits financiers, des conseils adaptés à leurs parcours de vie, des informations voire des formations. Notre étude révèle que la moitié des femmes de moins de 35 ans se déclarent intéressées par des formations pour comprendre les sujets financiers et mieux gérer leur argent.
Si les institutions publiques et privées prennent en compte cette soif d’éducation économique et financière, cela profitera à tout le monde : aux femmes mais aussi aux hommes, aux jeunes comme aux plus âgés, à tous ceux qui n’ont jamais su parler d’argent. Ce sera un excellent investissement pour tous.