Si vous receviez de façon inattendue une grosse somme d’argent, que feriez-vous ?
J’imagine déjà les réponses fuser : vous offrir le voyage dont vous avez toujours rêvé, la formation ou le stage qui vous fait envie depuis dix ans, prendre une année sabbatique pour vous consacrer à votre passion, lâcher votre job pour vous engager dans une cause qui vous tient à cœur, acheter votre château en Espagne…
Croyez-le ou pas, quand nous avons posé cette question aux femmes lors de l’étude IFOP réalisée pour ViveS et La Financière de l’Echiquier, seules 3 % d’entre elles ont déclaré en premier : « je dépense cet argent dans des choses utiles pour moi (santé, bien-être, formation, etc.) ». Vous avez bien lu, seulement 3 % ! Que se passe-t-il dans nos têtes ?
Et 2 % ont dit en premier « je le dépense dans des achats plaisir ».
Voilà qui fait tomber bien des idées reçues, et met à bas le mythe de la femme dépensière. Un mythe construit de toutes pièces à partir de la domination économique des hommes et de la dépendance qui en a découlé pour les femmes : ces messieurs gagnaient l’argent, ces dames en avaient l’usage. Certes. Mais c’est d’abord pour le foyer qu’elles le dépensaient… et qu’elles le font toujours d’ailleurs. Notre étude IFOP montre ainsi que, dans le cas des femmes vivant en couple, elles sont 70 % à s’occuper principalement des questions budgétaires et financières du ménage. 85 % des femmes interrogées connaissent d’ailleurs le montant total de leurs dépenses mensuelles. Un tiers d’entre elles disent consulter au moins une fois par jour leurs comptes pour suivre les opérations et en connaître le solde ; 39 % une fois par semaine.
Revenons à cette rentrée d’argent inattendue.
Face à une telle bonne surprise, la première idée qui vient à l’esprit des femmes, c’est de… placer la somme sur un livret ; la seconde, de la dépenser pour le foyer et la troisième de faire un don. J’en conclus que les femmes sont prévoyantes, responsables et généreuses. Bonnes élèves, comme d’habitude…
Je constate surtout qu’elles ne sont pas suffisamment égoïstes.
Utiliser cet argent pour soi semble en effet quasi-inimaginable. Pourquoi une telle prévention ? Dans le quatrième épisode d’Osons l’oseille, nous avons exploré les mécanismes qui retiennent les femmes de dépenser pour elles-mêmes.
Nous écoutons Chloé, issue d’un milieu modeste, qui a fait une belle carrière, maman de deux enfants. A l’approche de la cinquantaine, pour la première fois de sa vie, elle va sortir des sous pour elle, s’offrir une fugue de trois jours en Italie, un week-end de réflexion qui va l’aider à franchir un pas important dans son projet professionnel – elle veut quitter son entreprise pour créer sa propre activité. Elle avoue : « c’est un truc que je n’avais jamais fait, mettre cet argent-là pour moi : penser à son besoin, à soi et oser prendre le temps pour soi ».
Avec Marie-Claude François-Laugier, psychologue clinicienne, nous comprenons que « dépenser pour soi, c’est se reconnecter à soi-même, c’est se sentir exister ». Il y a dans cet acte la capacité à s’octroyer la satisfaction d’un désir mais aussi à considérer que l’on a de la valeur et donc que ça vaut la peine « d’investir en soi ». Pour Vesselina, quadra et mère de famille, ces dépenses-là sont « non négociables » car elles répondent à des « besoins non compressibles » : voyager ou adhérer à des réseaux professionnels, par exemple. Mais comment fait-elle pour préserver les moyens nécessaires au financement de ces besoins ?
Dans ce quatrième épisode d’Osons l’oseille, “Osons dépenser”, nous allons découvrir comment repérer et assumer les dépenses salvatrices, celles qui nous font du bien et nous font avancer, nous allons apprendre à sortir des sous pour nous, sans culpabilité et sans angoisse.
Écoutez-nous, réagissez et retrouvez-nous dans deux semaines pour le cinquième épisode !