Chez ViveS, nous aimons les histoires, et nous cherchons les faits. Nous aimons raconter et décrypter. Alors quand nous nous sommes attaqués au tabou des femmes et de l’argent, nous avons voulu à la fois entendre et comprendre. C’est pourquoi nous avons lancé avec La Financière de l’Echiquier une grande enquête sur les femmes et l’argent, réalisée par l’IFOP.
Au total, un millier de femmes âgées de 18 ans et plus ont répondu en ligne à un questionnaire très fouillé (près d’une vingtaine de questions), envoyé en juin dernier. Nous avons distillé quelques résultats au cours de l’été à travers les newsletters qui accompagnaient les six épisodes de notre podcast Osons l’oseille. Mais il nous fallait revenir de façon plus approfondie sur les enseignements surprenants de cette étude.
Qu'avons-nous découvert ?
- Des femmes très au fait de leur situation bancaire (91% disent connaître leurs revenus globaux, 85% connaissent leur épargne et leurs dépenses totales mensuelles)
- Des femmes très consciencieuses dans la gestion des comptes (33% les consultent une fois par jour, 39% une fois par semaine)
- Et si elles sont en couple, des femmes majoritairement en charge de la gestion du budget (dans 70% des cas).
« Autant de signes d’une certaine émancipation », analyse François Legrand à l’IFOP. Comme nous l’avions écrit dans une précédente newsletter il y a quelques mois, « Argent, vous gérez ! ».
Mais, si l’on creuse un peu, le tableau est moins rassurant. Au-delà des comptes courants (compte bancaire, compte d’épargne), les femmes possèdent très peu de placements financiers : elles ne sont qu’un tiers (36%) à déclarer une assurance-vie en euros, et seulement 15% disent posséder une assurance vie en unités de compte, un plan épargne retraite, des actions, obligations ou sicav… Seules 12% détiennent un PEA.
« Aux femmes l’épargne, aux hommes l’investissement »
Ces chiffres soulignent « une sous-utilisation des outils financiers complexes par les femmes » note François Legrand qui en tire cette conclusion : « Nous restons dans un schéma traditionnel : au-delà de la gestion quotidienne de l’argent, les femmes ne sont pas présentes. Si elles sont en couple, tout ce qui relève de l’investissement est pris en charge par l’homme. » En clair, la distinction foyer/hors foyer ou encore vie domestique/vie publique persiste dans la répartition des tâches financières entre hommes et femmes. Aux femmes l’épargne, aux hommes l’investissement, ce que les Anglo-saxons ont résumé dans une formule éloquente : « Girls saving money, boys making money ».
Certes, les femmes au-delà de 35 ans semblent un peu plus à l’aise sur les sujets relatifs à l’investissement, mais la différence générationnelle n’est pas flagrante. Elle l’est davantage pour les femmes aux revenus plus élevés, sans pour autant être massive.
Globalement, les femmes apparaissent loin de ces préoccupations. Pire : 1 femme sur 2 déclare gagner autant d’argent que son conjoint mais pour autant les femmes ne s’intéressent pas vraiment au sujet, elles ne cherchent pas à le maîtriser !
Un grand besoin de confiance
Ainsi, pas plus d’une femme interrogée sur deux dit « parler d’argent souvent avec son conjoint ». Elles sont seulement 18% à en parler souvent avec leurs enfants, 15% avec leurs parents et 12% avec leur entourage. Surtout, 1 femme sur 2 affiche une confiance moyenne dans sa capacité à bien gérer son argent. Un quart des femmes n’ont carrément pas confiance dans leur capacité, et seulement 21% se font vraiment confiance.
Il faut dire que, d’après notre enquête, 36% des femmes associent l’argent à des sentiments négatifs : angoisse, contrainte, voire conflit. Seulement 30% des femmes interrogées associent l’argent à la notion de liberté. Une proportion qui grimpe nettement chez les plus âgées et chez les femmes aux revenus les plus élevés. « Quand elles n’ont plus d’enfant à charge et quand elles sont propriétaires, il est plus facile pour les femmes d’associer l’argent à la liberté », remarque François Legrand.
Mais les jeunes nous inspirent !
En revanche, à peine plus d’une jeune femme sur deux associe l’argent à quelque chose de positif. Mais il existe chez ces jeunes femmes une appétence pour l’information et l’éducation financière : la moitié des moins de 35 ans se déclarent intéressées par des formations pour comprendre les sujets financiers, pour mieux gérer son argent (contre 31% seulement de l’ensemble des femmes).
Voilà peut-être une bonne raison d’espérer : conscientes que l’argent reste un sujet à la fois lointain et difficile, les nouvelles générations semblent prêtes à s’en emparer. Et il est un point sur lequel les femmes se rejoignent, tous âges confondus : alors qu’aujourd’hui, seules 13% des femmes associent l’argent au plaisir, elles sont 28% à souhaiter pouvoir le faire demain. Une aspiration forte, à laquelle il est possible de répondre, nous en sommes convaincus chez ViveS.
Pour que l’argent devienne un plaisir : parlons-en, gagnons-en et apprenons à le faire fructifier. Sortons-le de notre “to-do-list” pour en faire un “must-have” : soyons honnête, l’argent est LA clé de l’indépendance économique.
Pour approfondir encore la connaissance de votre rapport à l’investissement et pour comprendre le rôle que pourraient jouer les femmes dans ce domaine, ViveS s’est associé à Femmes Business Angels (FBA), le premier réseau européen d’investisseuses individuelles, pour vous soumettre un questionnaire inédit et anonyme en ligne, conçu avec le Create de l’IAE à l’université Lyon III et le service des études de Bayard.
Les résultats de cette nouvelle enquête seront annoncés lors du WinDay-forum de l’investissement au féminin organisé le 21 novembre par FBA au ministère de l’Economie et des Finances, et bien sûr dans une prochaine newsletter de ViveS. Votre expérience compte beaucoup, partagez-la !
Illustration : un grand merci à Marie Lemaistre et l’agence Fllow